La course élite des championnats nationaux de cyclo-cross, ce dimanche à Brouch, s’annonce particulièrement indécise. Suspense garanti !
C’est fou comme d’une année à l’autre, les choses changent si peu. Ces championnats nationaux, qui refilent à cette communauté hivernale chaque année le grand frisson de la mi-janvier, sont là. Et comme par fatalité, on s’apprête à plonger dans l’édition 2019 avec ces mêmes questionnements qu’on tournait déjà en bouche l’an passé au même moment.
On résume pour faire plus court. Vincent Dias Dos Santos va-t-il enfin remporter son premier titre national, titre de l’avis de tous ses adversaires, qui serait amplement mérité? Mais évidemment, l’intéressé le sait bien, mieux que quiconque même, non, ça ne suffit pas ici, de présenter les meilleures garanties…
L’année de Vincent Dias Dos Santos ?
Pour chasser le mauvais sort, la tension née de l’événement, puis enfin l’inévitable pression qui s’abattra fatalement dimanche dans la cuvette sombre de Brouch, ses bois, sortilèges et pièges à mâchoires multiples, le leader de la Skoda Cross Cup, véritable championnat régulier, préfère éluder le problème. Vraiment une course comme une autre le championnat ? On n’est pas obligé d’adhérer. Mais on comprend parfaitement la démarche. Et pour un peu, on approuverait, il mériterait d’y goûter lui aussi à pleines dents.
Après tant d’années de déveines, de pépins en tout genre, le Tétangeois semble en avoir pris son parti. Mais sa détermination à enclencher les hostilités ne pourra que trahir sa légitime ambition. «Après, rappelle-t-il, advienne que pourra…»
Il l’annonce, il tiendra parole, il effectuera un départ rapide, pour tenter d’assommer tous ses rivaux. Il ne devra pas rater son coup. Car c’est en machines à remonter le temps que vont opérer aussi bien Scott Thiltges, vainqueur en 2017 et amateur de longs raids, et encore plus sûrement Sören Nissen et Gusty Bausch.
Sören Nissen… Qui l’avait vu venir en 2018, à part Scott Thiltges, le seul à avoir dit s’en méfier avant le départ? Longtemps à Kayl, on n’eut d’yeux que pour Felix Schreiber.
Les espoirs, on en parle peu, car même si l’un d’eux arrivait, comme ce fut le cas une fois pour Jempy Drucker au Bambesch, à passer la ligne d’arrivée en tête, soit devant les meilleurs coureurs élite, il ne serait, règlementation oblige, couronné que champion… espoir.
Schreiber, un rôle important
Évidemment, Felix Schreiber, qui revient doucement au niveau après une saison pourrie par des problèmes dorsaux récurrents, a un peu perdu son bel élan. Mais il devrait tenir un rôle important. D’autant plus qu’il sera chassé par des jeunes loups épatants comme Misch Leyder et Nicolas Kess, puis pourquoi pas Felix Keiser. «Ils feront leur course, nous la nôtre. Mais ils sont si forts qu’ils seront devant», prévient ainsi Massimo Morabito, parfait outsider. Il se rappelle ses bonnes années et son titre espoirs acquis justement à Brouch…
L’an passé, donc, Schreiber caracolait en tête devant Gusty Bausch, chacun fixé sur ses petites affaires, jusqu’à ce que ne déboule ce professionnel du VTT, endurant en diable. Mètre après mètre, tour après tour, Sören Nissen avait refait son retard. Jusqu’au titre.
On connaît sa méthodologie. Il laisse passer l’orage, avale les morts, digère. Ce n’est pas infaillible, loin s’en faut. Tout dépend du circuit.
Le parcours de Brouch répond à deux critères. Technique, certes, mais seulement, c’est aussi très physique. Et lorsqu’en 2015, date du dernier championnat sur place, Christian Helmig remporta le troisième de ses quatre titres, il s’est plu à savourer son «plus beau titre».
D’autres poursuivants
Car la lutte avait été âpre et indécise. Jusqu’au bout. Et Gusty Bausch avait longtemps envisagé tenir son petit exploit. Dimanche, il n’en ira pas autrement.
Comme la saison a été riche en enseignements, on n’exclut même pas que Sören Nissen puisse se succéder au palmarès.
Reste à voir le rôle que pourront jouer les outsiders que sont Lex Reichling, un peu en retrait ces dernières semaines, Massimo Morabito, en net regain de forme pour sa part, puis à un degré moindre, Luc Turchi. Ces dernières semaines, ils n’étaient pas en mesure de jouer la gagne, mais bien sûr le championnat, c’est cette course à part qui permet à certains coureurs de se sublimer le jour J.
De son côté, ce sera évidemment beaucoup plus calme pour Christine Majerus en route vers son… dixième titre. Il s’agira pour la professionnelle de Boels-Dolmans d’un entraînement amélioré. Avec un nouveau tricot à glaner. Cela reste malgré tout une belle occasion pour le public de la voir à l’œuvre. C’est aussi ça le privilège du championnat…
Denis Bastien