Cet hiver encore, on n’échappera pas à la grippe. Dans les prochaines semaines, le nombre de cas de cette maladie devrait exploser. Le virus se développe dans les pays du Sud et remonte jusqu’à nous.
« Elle commence doucement à apparaître, les premiers cas ont été signalés en décembre, mais ils sont très peu nombreux », annonce le Dr Pierre Weicherding, chef de division de l’Inspection sanitaire. Rien de surprenant, pour le moment on suit «la courbe de l’année passée. On s’attend à une progression en janvier et février jusqu’à la disparition des cas fin mars.»
Si la grippe est incontournable – «Un hiver sans grippe, ça n’existe pas», souligne le médecin –, la surprise vient du type du virus qui se transforme chaque année. Il faudra attendre février pour connaître sa virulence et sa capacité de propagation.
Le virus qui sévit au Luxembourg «vient toujours du sud de la France puis monte progressivement jusqu’à nous. De façon générale, ces virus se développent toujours dans les pays du Sud.»
La grippe reste présente en permanence, mais à cette époque de l’année «la souche se modifie légèrement et se développe en rencontrant des personnes qui ne sont pas immunisées contre cette nouvelle souche», précise Pierre Weicherding.
Plus grave qu’on ne le croit
Les scientifiques ne savent pas pourquoi le virus évolue de telle manière à tel moment, mais les conditions sont certainement plus propices à cette période de l’année. Selon le Dr Pierre Weicherding, «en hiver, les gens sont certainement plus regroupés, or la grippe se propage par de fines gouttelettes qui sont expulsées lorsqu’on éternue. Pour être contaminé, il faut une certaine proximité.» Au contraire d’autres virus, comme le norovirus qui provoque des diarrhées et se propage surtout au contact des mains et via la nourriture contaminée. Il est donc très présent en été.
D’autres virus profitent de l’hiver pour se développer, comme le RSV (virus respiratoire syncytial) qui circule parallèlement à la grippe. «Il infecte les voies respiratoires hautes et basses et chez les tout- petits il provoque des sécrétions bronchiques très difficiles à évacuer. Chaque année, plusieurs enfants sont obligés d’être hospitalisés à cause de cette maladie.»
On l’oublie, mais la grippe est «une maladie bien plus grave que ce que l’on imagine. Il y a toujours beaucoup de décès pendant l’épidémie. Pour l’instant, la courbe des décès n’a pas encore augmenté, mais il faut s’attendre à une nette progression dans les prochaines semaines», annonce le chef de la division de l’Inspection sanitaire. «On répertorie chaque année quelques personnes entre 50 et 60 ans qui succombent à un épisode de grippe. En général, elles ont déjà des problèmes de santé. Il peut s’agir de fumeurs ou de personnes en surpoids, par exemple. Mais ce sont surtout les personnes qui ont déjà une maladie grave et qui seraient décédées quelques mois plus tard qui meurent à cause de la grippe. D’ailleurs, on note généralement en avril une baisse de la mortalité.»
Entre 5% et 20% de la population du Luxembourg est touchée par la grippe chaque année. Un chiffre plus ou moins important selon la virulence de la souche du virus.
Audrey Libiez