Neimënster a invité Art Work Circle dans ses murs. Ensemble, ils proposent «New Painting Luxembourg» jusqu’au 3 février, ou 23 œuvres récentes de neuf peintres luxembourgeois.
Il y a à boire et à manger dans New Painting Luxembourg. Normal, le commissaire, Didier Damiani, n’a pas cherché à donner un sens profond à l’ensemble. Ici, point de thématique, de style imposé, pas de fil rouge ou de sens de visite. «L’abbaye de Neumünster nous a invités à faire cette exposition et on a eu envie de proposer une exposition de peinture», explique simplement le «business development manager» d’Art Work Circle, historien de l’art de formation, membre de l’Association internationale des critiques d’art, Luxembourg et donc commissaire d’exposition.
Il reprend : «On voulait montrer ce qui se passe en ce moment au niveau de la peinture au Luxembourg. C’est pour ça qu’on ne présente que des œuvres récentes.» C’est lui qui a fait la sélection des artistes et des œuvres présentées, en choisissant parmi les œuvres récentes à sa disposition sur la plate-forme. En tout, ce sont donc 23 œuvres qui sont exposées, toutes datent de ces trois dernières années – à une exception près, Bien le bonjour du Luxembourg de Dany Prum, datant de 2008, avec cet Enrico Lunghi habillé en Superman et s’occupant de deux biquettes perchées sur les ruines de la forteresse qui soutiennent ce qui n’était pas encore à l’époque «son» Mudam.
En plus de Dany Prum, présente dans l’exposition également à travers son triptyque Ella dédié à son félin de compagnie, le visiteur trouvera dans le cloître Lucien-Wercollier également des œuvres de Frank Jons, Rom Lammar, Patricia Lippert, Françoise Ley, Sandra Lieners, Chantal Maquet, Sarah Schleich et Armand Strainchamps. Autrement dit, quelques premiers choix parmi les artistes grand-ducaux actuels – Patricia Lippert et Armand Strainchamps ont depuis longtemps prouvé leur talent au niveau aussi bien national qu’international – et d’autres moins connus. «Différentes générations d’artistes, des hommes et des femmes, différents styles de peinture», résume pour sa part Didier Damiani.
Aperçu de la peinture contemporaine
L’ensemble est donc disparate. Il propose aussi bien des peintures abstraites que figuratives, expressives que narratives, des toiles plus décoratives et d’autres plus intellectuelles, des aplats en acrylique et des techniques mixtes surprenantes, des tableaux finis mais aussi, à travers les propositions de Sandra Lieners, une part du processus de création.
Dans ses acryliques sans titre, Sarah Schleich représente des robots ménagers sur lesquels se superposent des structures linéaires; Françoise Ley délaisse toute figuration dans Sandra Effect, Into the Wild et Whatever It Was, trois techniques mixtes, à plusieurs niveaux, tendant vers le street art. Abstraits aussi, les deux acryliques de Frank Jons, Keep on Painting et Open Your Mind. Chez lui, la peinture explose et les couleurs pètent. Plus structuré, mais tout aussi porté sur la couleur – comme le prouvent ses titres –, Rom Lammar propose Rouge flamboyant et La Forme des couleurs. Armand Strainchamps offre aux regards deux toiles sans titre. Deux acryliques sur toile, carrés, peints en 2018 avec un fond coloré : un arc-en-ciel d’un côté, un fond bleu avec des fleurs de lys de l’autre, avec, à chaque fois, un portrait féminin.
Deux œuvres aussi – Daphne et Alien Exposure – pour Patricia Lippert, qui préfère, elle, des techniques mixtes riches en détails qui ne sautent pas immédiatement aux yeux, mais demandent au contraire un temps de contemplation. Reste Chantal Maquet. Présente avec quatre toiles, dont le Zwei mit Cocker Spaniel qui fait la communication générale de l’exposition, elle propose des œuvres d’une belle expressivité, avec un jeu chromatique étonnant pour présenter des sujets plutôt oniriques. Des œuvres pour plaire, pour surprendre, pour interroger… et, pour l’ensemble, un «aperçu de la peinture contemporaine luxembourgeoise».
Pablo Chimienti