Par le biais d’un communiqué transmis hier par son équipe, Deceuninck-Quick Step, Bob Jungels (26 ans) confirme qu’il sera bien au départ de son troisième Giro, dans la course qui l’a révélé au grand public.
Lorsque, en mai 2017, Christian Prudhomme était venu musarder, en tant qu’invité d’honneur sur le Giro, il avait brièvement conversé avec Bob Jungels sur la ligne de départ d’une étape. Alléché par la fraîcheur du jeune Luxembourgeois alors porteur du maillot rose, le patron du Tour lui avait demandé directement quand il aurait le plaisir de l’accueillir à nouveau sur le Tour de France. «Je reviendrai lorsqu’il y aura des chronos assez longs», répondit avec un large sourire l’intéressé
Il y est de nouveau revenu, l’an passé, sans que la longueur des chronos soit démentielle (en 2018, le Tour proposa le chrono par équipes de Cholet, long de 35,5 km, et le contre-la-montre d’Espelette, 31 km). Bob Jungels prit la 6e place à Espelette, à la veille de l’arrivée où il termina ce Tour de France en onzième position «avec un petit sentiment de déception». Car le frais vainqueur de Liège-Bastogne-Liège ne le cachait pas, il espérait «mieux», même si pour Quick Step, avec les succès d’étapes d’Elia Viviani et de Julian Alaphilippe, couronné avec son maillot de meilleur grimpeur, le bilan était grandement positif.
Il était temps, à l’automne, de penser à la suite. Bob Jungels fut sans doute rapidement fixé sur son programme 2019. D’autant plus vite que l’Espagnol Enric Mas, deuxième d’une Vuelta très montagneuse, manifesta rapidement son envie d’être leader pour un Tour-2019 non moins montagneux. Cela ne se refuse pas… Et effectivement, lors de la présentation de l’édition 2019 du Tour de France, la volonté affichée des organisateurs de réduire à sa portion congrue les chronos fut affichée.
Plateau supérieur à celui du Tour
On évoque leur désir à peine voilé de favoriser le succès d’un coureur français (ce qui n’est plus arrivé depuis Bernard Hinault, en… 1985), forcément un grimpeur, qu’il s’appelle Romain Bardet ou Thibaut Pinot et, d’ores et déjà, le match engagé avec le duo des Sky Thomas-Froome fait saliver.
Ou encore cette obligation dictée par la course à l’audimat. Dans un grand tour, le public fuit le petit écran le jour des chronos. Le Tour, depuis des années déjà, a fait le choix de réduire à la portion congrue le nombre et le kilométrage des chronos. Ce qui, ironie de l’histoire, n’empêche pas les rouleurs-grimpeurs d’y briller ! L’an passé, Geraint Thomas s’est quand même imposé devant Tom Dumoulin, Chris Froome et Primoz Roglic…
Dans tous les cas, pour se projeter vers le parcours de 2019, le chrono individuel de Pau ou le chrono par équipes de Bruxelles, 27 kilomètres, cela ne fait guère saliver les rouleurs. Du coup, comme pas mal d’autres rouleurs-grimpeurs avant lui, Bob Jungels s’est rapidement tourné vers le Tour d’Italie. Et, à y regarder de près, la tendance observée ces dernières semaines le confirme, pour la première fois depuis longtemps, le plateau du Giro sera supérieur à celui du Tour de France. Avec un parcours guère moins sélectif, mais avec trois contre-la-montre individuels. Voilà qui fait la différence.
Denis Bastien