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Selon Caritas le gouvernement pénalise les familles en matière de logement


Pour Caritas, les mesures prises par le gouvernement favorisent la pauvreté des familles déjà précaires. (Photo : AFP)

Le rapport d’activité 2014 de l’organisation souligne les difficultés des plus fragiles à trouver un logement. Et la politique du gouvernement, à part la subvention loyer, ne serait pas à même de renverser la vapeur.

Le taux de risque de pauvreté au Luxembourg est évalué à 15,9 %. Le personnel de Caritas côtoie au quotidien cette pauvreté qui ne se voit pas forcément au grand jour. «Les inégalités entre riches et pauvres se creusent», estime la présidente de Caritas, Marie-Josée Jacobs. Le succès des épiceries sociales (trois sont tenues par Caritas, à Esch-sur-Alzette, Diekirch et Redange-sur-Attert) témoigne d’une pauvreté en hausse, notamment parmi les familles monoparentales.

La situation des ménages est fragilisée selon Caritas qui pointe du doigt les décisions du gouvernement. Le rapport énumère l’«augmentation de la TVA de 2 %, l’introduction d’un impôt de 0,5 %, l’abolition de l’allocation d’éducation et de maternité, la réduction des bourses pour étudiants, la réduction des allocations familiales et des chèques service-accueil». Autant de petites annonces qui, mises bout à bout, dégradent la situation des ménages vulnérables.

D’ailleurs, c’est bien l’augmentation de la TVA sur les biens mis en location qui pose problème avec une hausse des loyers à venir qui va plomber le budgets des ménages concernés, déjà en difficulté. Selon Caritas, les ménages à faibles revenus dépensent environ 45 % du revenu pour leur logement, alors que ce pourcentage descend sous la barre des 30 % pour les ménages les plus aisés, la moyenne se situant à 33 %.

Foyers et épicerie sociales font le plein

De ce fait, l’organisation salue la subvention loyer annoncée par le gouvernement qui devrait réduire l’effort fourni par les ménages à 33 % de leurs revenus.

En 2014, Caritas a logé, de manière temporaire ou à plus long terme, 1 581 personnes. Le taux d’occupation du centre Ulysse (foyer de nuit d’urgence), qui se situe à 95,27 %, illustrerait parfaitement le problème de l’accès au logement au Grand-Duché. D’autres structures d’hébergement sont gérées par Caritas, comme le centre du Findel (828 personnes), le foyer Saint-Antoine (128 personnes) ou encore l’institut Saint-Joseph (135 enfants et jeunes en difficulté).

L’organisation se concentre sur l’accueil et le suivi des enfants, avec une pauvreté infantile qui atteint les 29,9 % en 2013 (contre 16,7 % en Belgique, 16,1 % en Allemagne et 13,7 % en France à titre de comparaison), un taux plus élevé que pour le reste de la population. Différents services sont mis en place pour suivre les jeunes en difficulté afin de leur éviter un placement en foyer. En 2014, un total de 7 477 enfants ont pu profiter de ces services.

Déjà évoquées, les épiceries sociales font le plein. Elles fournissent aux personnes touchées par la pauvreté des produits alimentaires et des produits d’usage quotidien contre une participation financière de l’ordre d’un tiers du prix du marché. En 2014, 2 127 personnes ont profité des services des trois Caritas Buttek du pays, après inscription auprès d’un office social.

La moyenne d’achat par client a été calculée à 24,48 euros. Sachant que la participation demandée au client est de 30 % du prix normal, la contre-valeur se situait donc environ à 75 euros. Une économie substantielle de 50 euros à chaque passage en caisse. L’organisation caritative propose également aux personnes fragilisées qui ne peuvent accéder momentanément au marché de l’emploi une réinsertion par le travail dans des ateliers. En 2014, 1 135 personnes ont obtenu un soutien de Caritas à travers des formations ou des mesures.

Si Caritas utilise une grande partie des dons reçus au profit de son action au niveau national, en 2014, son service de la Coopération internationale a géré 11 projets dans 30 pays, pour un montant total de près de 11,5 millions d’euros. Ces chiffres illustrent un recentrage de ses activités par Caritas. 2014 a vu la clôture de grands projets d’envergure financés par l’Union européenne en Somalie et au Soudan du Sud.

Depuis 2012, Caritas a réduit le nombre de ses projets (de 122 à 111) et des pays concernés (de 39 à 30) pour une enveloppe totale qui est également moins importante, puisque, en 2012, les moyens mis en œuvre s’élevaient à 12,8 millions d’euros.

Audrey Somnard