Paul Galles, 45 ans, vient de faire son entrée à la Chambre des députés sous les couleurs du CSV. Un sacré tournant pour cet ancien prêtre diplômé de l’université du Vatican.
Le parcours peut sembler atypique à première vue, et pourtant, un fil rouge relie chacune des étapes de vie de Paul Galles, élu député CSV (chrétien-social) pour la circonscription Centre lors des législatives d’octobre : celui de l’engagement, principalement social. Celui qui se définit comme un «homme de convictions» semble en effet avoir eu plusieurs vies.
C’est son voyage au Brésil, au début des années 90, alors qu’il a 19 ans à peine, qui bouleverse son existence et va contribuer à façonner ses convictions. Il découvre là-bas la «vraie pauvreté», mais aussi une «Église joyeuse, vivante, jeune, qui danse et qui est socialement engagée».
«J’ai travaillé dans un foyer pour enfants de la rue, en plein centre d’une favela. J’ai compris que j’avais de la chance de vivre dans un pays comme le Luxembourg. J’ai aussi senti l’injustice qui règne dans le monde. Cette expérience m’a amené à questionner le modèle luxembourgeois. La pauvreté est différente, elle ne se voit pas dans une favela, mais elle existe.»
«Pimp my Church»
Son expérience brésilienne de l’Église le convainc aussi de s’engager dans la prêtrise. Paul Galles est ordonné prêtre à 26 ans. Il suit des études à l’université du Vatican, où sa vision brésilienne de la foi «se heurte» à «une Église traditionnelle, centralisée, pompeuse, liturgique». «C’était une très grande lutte intérieure», confie-t-il.
À son retour, à Esch, où il officie pendant cinq ans, il met en place un projet en accord avec ses aspirations et qui dénote la modernité de son approche de l’Église : «Pimp my Church», qui vise à rendre l’Église plus participative.
Jusqu’à ce que la question du célibat se pose, l’élément décisif qui le décide à quitter le sacerdoce. Paul Galles décide alors de s’engager dans le secteur social, auprès de la fondation catholique Caritas, en particulier auprès de Young Caritas. «Chez Caritas, j’ai réalisé que beaucoup de situations très difficiles dans lesquelles se retrouvent les gens sont dues à des décisions politiques.» De là, nouveau tournant.
Conservateur, mais progressiste
Avec trois valeurs chevillées au corps –«la dignité absolue de chaque personne, sans aucune exception; une société vue comme une communauté de solidarité et non pas un simple amalgame d’individus; la défense de ce dont nous dépendons (environnement, acquis sociaux), en faveur d’une durabilité écologique, économique et sociale»– il se lance en politique.
Le choix du parti, le CSV, qu’il intègre en 2016, fut évident. «J’ai essayé d’interpréter la terminologie de ‘conservateur’ d’une manière progressiste : conserver ce qui est important dans le sens de protéger, mais de façon à ce que les gens soient motivés à partager cette vie.»
Son engagement donne confiance. Paul Galles remporte pas moins de 16 942 voix lors des dernières législatives. Un bémol toutefois : «Outre le fait que le CSV a perdu des sièges, je regrette que, comme nous ne sommes pas au gouvernement, des jeunes, des femmes, des nouveaux visages, des gens fantastiques n’ont pas eu l’occasion d’occuper un siège de député libéré par des ministres.»
Depuis, il prend peu à peu ses marques à la Chambre. Les procédures sont strictes, mais il essaie «d’utiliser au mieux le système pour permettre d’avoir des discussions démocratiques, de fond. Je suis avide de cela.»
Tatiana Salvan