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Djuna Bernard, 26 ans et députée : « Oui, je vais faire des fautes »


Juna Bernard est la plus jeune députée du Luxembourg dans la nouvelle mouture de la Chambre. Du caractère et de l'avenir ! (Photo Hervé Montaigu)

Djuna Bernard, jeune députée déi gréng qui veut changer les choses, prend ses nouvelles responsabilités au sérieux.

À 26 ans, Djuna Bernard est actuellement la plus jeune députée de la Chambre. Mais elle ne compte pas se cacher derrière cela et souhaite montrer que la politique n’est pas un monde à part et concerne également la jeunesse.

À 26 ans, d’où vient cette fibre politique ?

Djuna Bernard : Je viens d’une famille monoparentale avec une maman très active au sein des verts de Mamer. En m’élevant toute seule, ma maman n’avait parfois pas le choix et m’emmenait aux réunions et à diverses activités. Je n’ai jamais eu cette barrière par rapport au monde politique que certains jeunes peuvent avoir. En grandissant, je me suis impliquée de plus en plus en participant aux activités des verts, notamment à partir de l’âge de 16 ans, en m’impliquant au niveau national, jusqu’à mes 21 ans. Après, avec mes études puis mon parcours professionnel dans le social, notamment à la Croix-Rouge et au foyer Ste Elisabeth, j’ai fait le choix de construire en premier lieu ma voie professionnelle avant la voie politique, même si cette dernière a toujours été une évidence pour moi. Mais je ne pensais pas que cela arriverait aussi vite.

Effectivement, finir 6e de la liste au Centre, cela m’a surprise

Est-ce que l’on peut dire que votre élection à la Chambre a été une surprise ?

Tout à fait. En participant pour la première fois aux élections nationales, en étant jeune et donc avec un réseau plus petit qu’une personne plus expérimentée, je ne pouvais pas imaginer devenir députée dès maintenant. Je visais la première moitié de la liste, grâce à mon engagement social… alors effectivement, finir 6e de la liste au Centre, cela m’a surprise. Mais cette position ne signifiait pas que j’allais entrer au Parlement.

Finalement, avec les bons résultats des verts et l’entrée au gouvernement de Sam Tanson, une place s’est libérée pour vous. Comment avez-vous appris la nouvelle ?

Pendant la soirée des résultats des législatives, j’ai commencé à réaliser qu’il y avait peut-être une ouverture menant à la Chambre. Même si j’étais déjà heureuse et fière de mon résultat à cet instant précis. Par la suite, les partis ont négocié et les verts avaient des chances d’avoir un ministre en plus. Ce poste revenait soit à Sam Tanson, soit à Josée Lorsché. Quelques jours plus tard, c’est Sam Tanson qui m’a appelée en me disant qu’il y avait des réflexions et des approches qui auraient des conséquences pour moi, sur ma vie. Au fil des jours, ça s’est concrétisé.

Justement, maintenant vous êtes députée. Comment appréhendez-vous cette nouvelle fonction ?

C’est un grand mélange d’émotions. Aujourd’hui, je suis vraiment fière et quand je vois les félicitations et les encouragements des gens comme mon institutrice de primaire qui m’a envoyé ses félicitations, cela fait du bien. D’un autre côté, je suis consciente de la responsabilité que cela implique. En plus, je sais aussi qu’il y aura plus de regards braqués sur moi, car je suis la plus jeune. Et aussi une femme. Mais ça peut indiquer également la voie pour d’autres. Cela montre que la politique n’est pas seulement faite par des hommes aux cheveux gris, mais qu’il y a de la place pour les jeunes et pour les femmes qui s’engagent et veulent changer la société.

L’opposition et ses poids lourds politiques vont sans doute vous attaquer sur votre jeunesse. Est-ce que cela vous fait peur ?

J’ai peur du premier moment où, à cause de mon manque d’expérience, je serai plus faible. À un certain moment, cela va arriver, évidemment. Je ne peux pas tout savoir, je dois travailler encore plus que les autres pour connaître les dossiers, pour me familiariser avec le langage juridique, comprendre les procédures… Donc oui, je vais faire des fautes. Et vivre ce moment m’angoisse. Mais pour le moment, la Chambre m’a très bien accueillie, j’ai eu de très bons contacts avec tous, même avec les députés de l’opposition. Mais je sais que pendant les débats, je n’aurais pas éternellement le statut de la pauvre petite députée qu’il faut ménager. Le monde politique ne fonctionne pas comme cela, et dès mardi quand je vais faire ma première intervention au Parlement, je serai dans le grand bain.

je n’aurais pas éternellement le statut de la pauvre petite députée qu’il faut ménager

Êtes-vous effrayée par cette première intervention ?

Évidemment, je suis effrayée… mais je suis en train de préparer mon intervention, qui sera sur le Revis. Je travaille dessus et je pense m’y consacrer jusqu’au jour même, car je sens cette pression, je sais que l’on va me regarder pour ma première et voir comment je m’en sors. Donc, je travaille encore plus.

Est-ce que vous êtes conseillée ou coachée par des personnes avec plus d’expérience ?

Oui. J’ai passé beaucoup de temps pendant la campagne avec François Bausch, qui m’avait demandé de participer aux élections, et avec Sam Tanson. Ils essaient de m’aider et de me conseiller. Mais c’est aussi le cas avec d’autres, au sein du parti. On se rencontre souvent, on échange sur notre groupe WhatsApp. Et tout le monde me dit de ne pas hésiter à poser des questions. Encore ce matin, j’avais une réunion avec Mars Di Bartolomeo, que je connais de par mon parcours dans le social : il est venu me voir pour me dire de ne pas hésiter à lui demander conseil sur l’un ou l’autre sujet ou règles au sein de la Chambre et des commissions. Et évidemment je n’hésiterai pas, si cela peut m’éviter de commettre des petits faux pas.

Entretien avec Jeremy Zabatta

A lire en intégralité dans Le Quotidien papier du lundi 17 décembre.

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