« Il m’a demandé de l’aider à trouver un alibi » : au procès en appel de Francis Heaulme, jugé pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz, d’anciens codétenus ont raconté vendredi les confidences que le tueur en série leur aurait fait en prison.
Pour ce sixième procès dans cette affaire, l’accusé clame son innocence et, sans preuve matérielle, la cour d’assises des Yvelines ne peut qu’étudier des éléments indirects, notamment les témoignages de certains voisins de cellules du « routard du crime ».
L’un d’eux a dit vendredi avoir vu en Francis Heaulme un « ami fidèle ». A la barre, il a expliqué l’avoir approché au départ à la demande de son avocat qui le voulait comme client, puis s’être « attaché » à lui. Un jour, a-t-il affirmé, il lui a parlé de « l’affaire », décrivant être passé en vélo près d’un talus, évoquant un « autre » qui avait frappé les enfants à coup de pierres. Il a aussi reçu une lettre, dans laquelle Francis Heaulme écrit : « je suis tranquille pour Montigny-lès-Metz. Ils peuvent pas dire que c’est moi parce que personne m’a vu faire ».
Ce témoignage, c’est « uniquement pour ma conscience », « j’ai pas gagné de remise de peine », a juré l’ex-taulard qui a passé 23 ans en prison. « Vous trompiez un peu son amitié quand même », a accusé Me Alexandre Bouthier, l’un des avocats de Francis Heaulme, évoquant un profil de « manipulateur ». « Dans ma relation avec Francis, j’ai été sincère », réplique le témoin.
« Un coup monté contre moi »
« Il m’a demandé de trouver un alibi pour le meurtre de Montigny-lès-Metz », a affirmé, en visioconférence, un autre ex-détenu âgé de 47 ans, qui jouait « aux cartes, aux échecs » avec l’accusé. « Il m’a dit qu’il était impliqué, que c’était lui qui avait fait ça », résume-t-il.
« Tout ce que je veux c’est que les familles connaissent la vérité. Je voudrais qu’il reconnaisse ce qu’il m’a dit, qu’il arrête de mentir », a insisté l’ex-détenu, ému. « Je suis très étonné du tapis rouge qu’on déroule à ce type d’individus », s’est agacé Me Bouthier, accusant le témoin, 39 mentions au casier judiciaire, d’avoir « profité » de ces révélations, sous les protestations de l’ancien détenu.
Interrogé, Francis Heaulme a admis avoir parlé de l’affaire avec ce dernier détenu mais nié avoir reconnu le double crime. « C’est un coup monté contre moi », s’est-il énervé.
En première instance, il a été condamné à la perpétuité pour le meurtre de Cyril Beckrich et Alexandre Beining, tous deux âgés de 8 ans, tués à coup de pierre le 28 septembre 1986. Ce procès en appel doit s’achever le 21 décembre.
LQ/AFP