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Lycée : des œuvres littéraires misogynes ?


Le "Faust" de Goethe fait partie des œuvres mentionnées dans la lettre ouverte au gouvernement. (photo DR)

L’ASBL Voix de jeunes femmes a adressé au gouvernement une lettre ouverte dénonçant le manque de mixité dans les œuvres littéraires étudiées au lycée.

« Enfin quelqu’un qui le dit », «Merci de faire ça», «Excellent !», «Bravo» : les éloges ne tarissent pas dans les commentaires de la récente publication sur Facebook de l’association Voix de jeunes femmes. Et pour cause, dans sa lettre ouverte au ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, elle dénonce le programme littéraire imposé aux lycéens. Un programme «non seulement très masculin, s’agissant des auteurs et des protagonistes», mais qui est également «sursaturé de violences sexuelles et sexistes», lit-on dans la lettre.

«Rien contre les œuvres»

Alors, que reproche Voix de jeunes femmes au Faust de Goethe ou à Un tramway nommé désir de Tennessee Williams ? «Absolument rien», répond Lou Reckinger, porte-parole de l’ASBL. Pourtant, la lettre dénonce «la confrontation des élèves à l’exposé détaillé du viol de Blanche» dans l’œuvre de Williams, «en mettant en question le rôle qu’elle [Blanche] a joué et sa propre culpabilité».

Elle dénonce également le fait que les lycéens et les lycéennes doivent «apprendre par cœur les textes de Faust, qui manipule une jeune fille pour lui voler son innocence». Mais Lou Reckinger l’assure : «Nous n’avons évidemment rien contre ces œuvres qui sont très belles et nécessitent d’être étudiées. Nous sommes conscients qu’elles sont également à replacer dans leur contexte historique. Ce qui nous gêne, c’est le manque de diversité et le fait de ne pas donner un autre exemple aux lycéens et lycéennes sur la condition de la femme.»

Figures féminines secondaires

Ainsi, ce que reproche l’ASBL au programme, «et non pas aux œuvres en elles-mêmes», précise sa porte-parole, qui tient à «rassurer ceux qui ont pu penser le contraire sur les réseaux sociaux», c’est que «les quelques figures féminines présentes dans les livres au programme sont secondaires ou soumises et beaucoup trop souvent, elles sont violées, mariées contre leur volonté ou réduites à un simple objet sexuel», lit-on encore dans la lettre ouverte.

«Ne faudrait-il pas montrer aux jeunes filles une autre image des femmes que le constant stéréotype de la femme fragile ? Ne peut-on pas donner aux jeunes filles des exemples de courage, de femmes de caractère, de femmes ambitieuses, de femmes qui ont un rôle actif à jouer dans la société ?», questionne la jeune femme.

Quels livres l’association propose-t-elle ? «Ce n’est pas à nous de faire des propositions au ministère. Je pense et j’espère que le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, connaît des livres qui auront leur place dans le programme pour offrir un autre regard sur nos sociétés à nos jeunes», dit-elle.

Le ministère n’a à ce jour pas encore répondu à la requête de l’association.

Sarah Melis