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Gilets jaunes : la violence a été « à un niveau contenu mais inacceptable »


Le ministre de l'intérieur français estime que le maintient de l'ordre a mis fin à l'escalade de la violence ce week-end (Photo : AFP).

Un nombre d’interpellations record,  une stratégie sur le terrain plus réactive et une communication offensive : telles ont été les recettes de la gestion du maintien de l’ordre de l’acte IV de la mobilisation des « gilets jaunes » qui n’a cependant pas fait disparaître les violences.

Après deux week-ends où la violence n’a cessé de monter crescendo avec en point d’orgue des affrontements au pied de l’Arc de Triomphe vandalisé ou l’incendie de la préfecture du Puy-en-Velay, l’exécutif a estimé avoir mis « un point d’arrêt » à l’escalade après avoir assuré craindre le pire, par exemple un mort, tout au long de la semaine.

Un atout important dans « le dialogue » qu’il entend ouvrir avec le mouvement. La violence est « à un niveau contenu mais inacceptable », a résumé Christophe Castaner, samedi soir

De nouvelles « scènes de chaos » à Paris, selon Anne Hidalgo et les images de violences urbaines accompagnées de pillages à Bordeaux, Toulouse ou encore Saint-Etienne empêchent toutefois les autorités de s’attribuer un trop bruyant satisfecit.

Sur l’ensemble de l’Hexagone, 264 personnes ont été blessées au cours de la journée contre 263 le 1er décembre. Un bilan sensiblement identique.

La décrue est plus tangible chez les forces de l’ordre puisqu’en une semaine, le nombre de blessés est tombé à 39 alors que le nombre de policiers et gendarmes mobilisés ce samedi a grimpé à 89 000 effectifs.

A Paris, les autorités ont martelé que le nouveau dispositif avait « porté ses fruits » en permettant de « briser la dynamique des casseurs ».

Sous le feu des critiques après un 1er décembre où son dispositif avait été jugé trop statique, la préfecture de police a revu ses modes d’action pour les rendre « plus offensifs », apprécient de hauts responsables à Beauvau.

Avant même le début des premières échauffourées peu avant 11 heures, les forces de l’ordre avaient déjà procédé à une moisson d’interpellations et de placements en garde à vue, sans compter les interpellations d’abord présentées comme « préventives » d’une trentaine de personnes assimilés à des « meneurs » ou des « ultras ». Autant de cas qui devraient faire réagir les défenseurs des libertés publiques.

« Dégats importants » à Paris

Au total, les services de police ont interpellé 1 082 personnes à Paris. Du jamais vu. Dimanche matin, 396 gardes à vue avaient d’ores et déjà été levées à Paris: 284 procédures ont été classées sans suite.

« Ce qui a marché, c’est ‘le pré-service’. Le matériel qui a été retiré en amont et que les collègues auraient du recevoir sur la tête. Plus les mises à l’écart et les gardes à vue que ça a généré. C’est autant de ‘casseurs’ que l’on n’a pas eu à gérer », valide Grégory Jorion, secrétaire national CRS d’Unité-SGP-FO.

Des boules de pétanque, des armes blanches, des artifices, des masques, des bâtons ont pu été saisis en amont lors de contrôles en gare, dans la rue ou aux péages des autoroutes menant à Paris.

Le dispositif de traitement judiciaire avait lui aussi été redimensionné en amont pour pouvoir absorber un flux de plusieurs centaines de gardes à vue.

Sur le terrain, le maître mot de la préfecture de police fut résumé pour les forces de l’ordre mobilisées au triptyque « quadrillage, mobilité et réactivité ». Son principal bénéfice? Eviter que les « casseurs » « ne s’enkystent » en un lieu, comme ils l’avaient fait place de l’Etoile, le 1er décembre, explique un bon connaisseur du maintien de l’ordre.

Dans des rues de Paris aux allures de ville morte ou ville ouverte, avec une flopée de commerces et établissements publics fermés, les manifestants violents « ont un peu tourné en rond » semant pagaille, dégradations et affrontements sporadiques.

« En ayant moins de barricades, il y a eu beaucoup plus de dispersion, donc beaucoup plus de lieux impactés par des violences », observe Emmanuel Grégoire, 1er adjoint de la maire PS Anne Hidalgo. Selon l’élu, la mobilisation des « gilets jaunes » samedi à Paris a fait « beaucoup plus de dégâts » matériels que celle du 1er décembre.

AFP