Romain Schumacher, le président dudelangeois, commence à parler de modalités pratiques au désengagement de Flavio Becca du F91. Comme si c’était désormais une évidence qu’il faut s’y préparer. Et activement.
Le F91 a été sacré meilleure équipe de l’année, jeudi soir, lors du gala de la presse sportive. Logique ?
Romain Schumacher : Je le vois comme ça : si nous ne sommes pas élus cette année, alors quand? Il est clair pourtant, que la sélection focalise plus l’attention pour différentes raisons, mais nous notre grande performance, c’est d’avoir battu le Legia Varsovie et Cluj.
Élue donc. Avec le risque évident que ce soit, avec le retrait annoncé de Flavio Becca, déjà la dernière fois.
C’est purement hypothétique pour le moment. À quoi vont aboutir les projets de Flavio Becca ? On va se rencontrer prochainement pour en discuter. Parce que moi, il me faut un planning vis-à-vis de mon club, afin de savoir comment l’on va avancer. Ça n’a pas arrangé les choses que cela fuse autant de toutes parts, après l’annonce du retrait de notre mécène. Il faut retrouver une ligne directrice.
D’autant que le week-end passé, Flavio Becca a semblé dire que son retrait pourrait survenir avant même les deux ans annoncés ?
Non. Non, pas vraiment. Entre nous, il n’a jamais été évoqué autre chose que ces deux ans.
Est-ce que ce qu’on vient de réaliser n’est pas le summum de ce qu’on peut atteindre ?
Et votre rôle à vous ? Que va faire Romain Schumacher dans le futur ?
Romain Schumacher va bientôt avoir 60 ans et peut-être aura-t-il d’autres idées en tête que celles de servir le football. Mais avant d’y penser, il va s’occuper prioritairement de la mise en place correcte du F91 et il suivra avec beaucoup d’attention les projets que Flavio Becca peut avoir dans le football. En même temps, on peut aussi se poser la question : est-ce que ce qu’on vient de réaliser n’est pas le summum de ce qu’on peut atteindre ? Est-ce que, même en gardant la même ligne, on parviendra à le refaire ? Ça y est, on a peut-être déjà touché le plafond et il est peut-être temps de changer de cap, de penser à autre chose, d’autant que notre football est tout entier tourné vers la réussite de la sélection nationale et que personne n’aide les clubs à être plus performants.
Pas très optimiste comme vision.
Pas optimiste, non, mais réaliste.
Future coupe d’Europe : « on écarte les petites nations
Quelle est alors votre analyse « réaliste » de la création de cette troisième Coupe d’Europe? Un mouroir pour les petites nations ou une compétition dans laquelle les clubs luxembourgeois pourraient tirer leur épingle du jeu ?
Je pense que les adversaires que l’on serait susceptibles de rencontrer dans des phases de groupes seraient d’une qualité inférieure à celle du Legia ou de Cluj donc oui, ce sont des adversaires que l’on pourrait battre. Mais bon, c’est aussi, oui, une façon de nous retirer des bottes des grands clubs. Paul Philipp a dit quelque chose de très vrai : on écarte les petites nations.
Mais… vous en savez plus sur le mode opératoire retenu par l’UEFA ?
Elle n’a pas communiqué sur le sujet ?
Pas à notre connaissance non.
Si j’ai bien compris, le champion du Luxembourg commencera directement en Europa League.
Plus en Ligue des champions ?
Pour en être certain, il faut attendre la présentation du projet final. Mais au-delà de ces questions, il faut se rendre compte qu’on est en train de créer une offre bien trop importante en football et que cela va mener à un certain désintérêt des spectateurs. Avec le temps, ça n’intéressera plus personne.
Il faudra sûrement changer de cap, peut-être s’ouvrir à un sponsoring plus large
Revenons au F91, commencez-vous à être inquiet au sujet de l’avenir du club ?
Comme je vous l’ai dit, le comité attend une ligne claire. C’est pour cela que je dois me rapprocher de notre mécène.
Tout le monde se demande si vous resterez président du F91.
Je suis président du F91 et je peux vous assurer que cela ne changera pas dans les dix minutes qui viennent.
Bon alors dites-nous : comment faire pour garder le F91 en haut de l’affiche, si c’est possible ?
Le travail ne va pas être moins intense qu’il ne l’est actuellement. Il faudra sûrement changer de cap, peut-être s’ouvrir à un sponsoring plus large et ne surtout pas mettre la tête dans le sable. Je suis sûr que la quatrième ville du pays a un potentiel d’attractivité. Oui, on sera plus en retrait qu’on ne l’était en 1998, à l’arrivée de Flavio Becca, mais on a moyen de se stabiliser. Après, c’est sûr qu’on n’aura plus les mêmes moyens.
Recueilli par Julien Mollereau