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Bonne croissance luxembourgeoise, malgré des incertitudes


Le Grand-Duché continue d'attirer puisque l'emploi salarié intérieur progresse de 3,9% sur un an. (illustration François Aussems)

Selon l’analyse du Statec, la croissance luxembourgeoise sera bonne cette année et l’année prochaine, même si l’environnement économique international pourrait changer la donne.

Avec une croissance du PIB de 3% cette année et une perspective également à 3% pour l’année prochaine, l’économie luxembourgeoise se porte bien, alors que cette même croissance a été révisée à la baisse par le Statec après avoir tablé sur une croissance à 4%.

Une baisse qui n’inquiète pas outre mesure Serge Allegrezza et ses équipes du Statec, n’hésitant pas à afficher une certaine confiance en affirmant que «tous les voyants sont au vert». Pourtant, on parle bien d’une baisse de la croissance, passant d’une prévision de 4% à 3% en 2018, alors que l’année dernière encore, le Statec prévoyait une croissance proche des 5% en 2017 et 2018. Pour Bastien Larue, chef d’unité du département conjoncture, «le ralentissement de la croissance s’explique davantage par des raisons techniques que par des raisons conjoncturelles». En effet, plusieurs indicateurs économiques montrent un certain dynamisme du pays avec, entre autres, des recettes fiscales en hausse, l’emploi intérieur en hausse à 3,7%, le moral des entreprises et des ménages au plus haut ou encore un marché de l’emploi très bien orienté. D’ailleurs, le chômage devrait frôler les 5% en 2019.

Le Grand-Duché continue d’attirer puisque l’emploi salarié intérieur progresse de 3,9% sur un an, après 3,8% et 3,7% sur les deux trimestres précédents. Cette dynamique provient avant tout de l’emploi frontalier. Ce sont les frontaliers français qui décrochent la palme, avec une croissance de 5% en 2017 contre 3% pour ceux originaires d’Allemagne et de Belgique. Un chiffre qui pourrait augmenter pour les frontaliers français, qui connaissent une croissance dans l’Hexagone plus faible que celle de l’ensemble de la zone euro.

Des incertitudes à ne pas négliger

Pour autant, il existe plusieurs incertitudes pouvant contrecarrer l’optimisme luxembourgeois. Ainsi, le Statec souligne que «sous l’impact d’un renchérissement des prix de l’énergie et de l’index en août, l’inflation au Luxembourg a gagné en vitesse sur les derniers mois». À partir de ce mois-ci, l’inflation devrait même passer temporairement au-dessus des 2%, à la suite de la dissipation due aux chèques-service. Selon les perspectives du Statec, l’inflation devrait être de 1,6% en 2018 et de 1,9% en 2019.

Autre inquiétude, la question de la productivité au Luxembourg, qui laisse toujours autant d’interrogations dans la mesure où, depuis 2016, l’emploi intérieur a progressé alors que le PIB a reculé, montrant qu’avec plus d’emplois le pays produit moins. Outre les incertitudes propres au Luxembourg, il ne faut pas non plus négliger la scène internationale, qui connaît un ralentissement dans la plupart des régions du globe.

C’est notamment le cas pour la zone euro et la majorité des autres économies avancées, à l’exception notable des États-Unis, où la politique budgétaire très expansive –mais pas sans risque– soutient largement l’activité pour le moment. De plus, avec un conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, la petite économie ouverte du Grand-Duché, centrée sur les services financiers, pourrait pâtir d’une aggravation des tensions internationales à court terme. Selon les différents scénarios du Statec, la disparition des tensions commerciales pourrait amener à une croissance autour de 4,5% en 2019, mais a contrario, une aggravation du conflit commercial entre Américains et Chinois pourrait amener à une croissance de seulement 1,5%.

Pour conclure, si l’environnement international est en train de se dégrader, le Luxembourg, où le marché du travail et les recettes fiscales poussent à parler d’une conjoncture encore favorable, est pour le moment faiblement impacté.

Jeremy Zabatta