La promesse gouvernementale «populiste de type politicarde», comme le jugent certains, ou «sincère» et «consciencieusement réfléchie», de se lancer sur la voie de la légalisation du cannabis à des fins récréatives divise. Le débat ne date pas d’hier, ni même de jeudi (date de l’annonce par le futur gouvernement), mais il occupera plus que certainement le devant de la scène, dans les semaines et mois à venir.
Par-dessus le marché, la question essentielle qui se pose est celle de la relation entre cannabis et jeunesse. L’auteur de ces lignes se rappelle avoir assisté à une relativement récente visite du Premier ministre au lycée classique d’Echternach. À cette occasion, Xavier Bettel, face à une centaine de lycéens, avait été interpellé par un élève de dernière année au sujet de la légalisation du cannabis à des fins récréatives.
La réponse du chef du gouvernement avait été sans appel : «Oui, fumer un pétard de temps en temps n’est pas si grave… mais jamais je ne m’engagerai sur la voie d’une légalisation complète, car c’est un faux signal que les autorités enverraient aux jeunes : le fait de banaliser la consommation de cannabis dans la conscience collective pourrait amener à des situations abusives, selon lesquelles les jeunes se mettraient à fumer du matin au soir et passeraient leurs études au second plan !»
Face à ces propos, tenus par le même Premier ministre qui a entretemps été reconduit dans ses fonctions par le corps électoral, comment, dès lors, interpréter ce qui semble s’apparenter à un radical revirement de position ? Certes, les mentalités évoluent et il y a toujours plus de pays qui franchissent le pas de la fumette légale, mais il ne faut pas s’y tromper : les premières victimes d’une hypothétique légalisation seront les jeunes !
Une interdiction de vente aux mineurs d’âge n’y changera rien, ni même la perspective d’interdire des coffee shops dans un rayon de X mètres autour des établissements scolaires (comme la réglementation néerlandaise l’impose) : ces prétendues modalités restrictives ne serviront à rien et le produit circulera de toute façon.
Alors, chers politiciens, prenez bien le temps de définir le cadre juridique précis de ce qui ne reste (pour l’instant) qu’une annonce, mais qui pourrait se concrétiser et faire mal à nos générations futures.
Claude Damiani