L’Horesca (Fédération nationale des hôteliers restaurateurs et cafetiers) se montre catégorique : la fin du plastique au Luxembourg est utopique. Malgré le succès d’une pétition déposée en ce sens laquelle, paraphée de plus de 5 000 signatures, auront donc droit à un débat public.
Intitulée «Restreindre l’usage des emballages plastiques au Luxembourg», la pétition publique en question a pour objectif, selon son initiateur, d’ «exprimer à la Chambre des députés le besoin des citoyen(ne)s et résident(e)s de voir se réduire l’utilisation à outrance des emballages plastiques à destination du grand public». Par extension, le pétitionnaire estime que « les représentants de la grande distribution favorisent le confort du consommateur au lieu de l’environnement ».
L’Horesca, qui peut se targuer d’avoir une «très bonne collaboration» avec la SuperDrecksKëscht et rappelle le lancement du système des boîtes intelligentes, dites «Ecobox», relate que son secteur s’est avéré être l’un des précurseurs dans les discussions entourant la volonté d’en finir avec les emballages alimentaires en plastique.
«Presque pas d’emballages dans la restauration !
«Notre secteur était l’un des premiers qui a réfléchi à comment gérer les emballages plastiques dans le futur, de manière générale. Nous nous sommes également concertés avec le ministère du Développement durable : nous avions commencé avec la problématique du gaspillage alimentaire, avant d’aborder celle des emballages et des sachets en plastique, car nous savions que cette dernière problématique allait occuper le devant de la scène », explique Claude Ries, conseiller en sécurité alimentaire et membre du bureau de l’Horesca.
« Ceci dit, les gens doivent savoir que dans la restauration on travaille depuis longtemps ‘en vrac’ ou ‘en gros’ : nous achetons en vrac, les aliments, avant de les vendre sur une assiette. Cela signifie que nous n’avons presque pas d’emballages dans notre secteur. De ce fait, nous nous sommes lancés dans la façon d’appréhender la nourriture à emporter et les restes alimentaires, afin d’éviter l’usage d’aluminium. Personnellement, je trouve très étonnant qu’on parle du plastique, alors que l’aluminium est oublié ! D’ailleurs, ceux qu’on entend le plus critiquer, ce sont toutes les personnes qui ont une machine Nespresso dans leur bureau, et qui balancent leurs capsules dans les ordures. Cela me fait sourire», ironise Claude Ries.
Concernant la grande distribution, à savoir les supermarchés, Claude Ries indique que «ce sont eux qui font dans la ‘convenience food’ (NDLR : plats cuisinés, aliments tout prêts) et des emballages. Ils ne prennent pas le ‘vrac’ parce que tout le monde chipote et eux craignent que les aliments soient déjà abîmés. Cela étant, c’est le jeu de l’offre et de la demande et si l’on trouve de la mauvaise qualité sur le marché, c’est parce que les gens veulent débourser le moins possible ! »
«Si chacun balaye devant sa porte, la rue est propre»
Pour le conseiller en sécurité alimentaire de l’Horesca, le débat, désormais porté par la pétition en question, « fait penser à celui de l’interdiction de fumer en terrasse. Mais essayer de réglementer n’est certainement pas la bonne voie. À l’inverse, je pense qu’il est important de sensibiliser les gens et pas que les clients ».
Mais selon lui, « on n’arrivera jamais à sensibiliser en publiant des choses. Cela ne suffit plus, il y a tellement de messages, de magazines (…) Il faut commencer le plus tôt possible, dans les écoles. Ce sont parfois les enfants qui éduquent les parents. Les gens doivent arrêter de montrer les autres du doigt. Si chacun balaye devant sa porte, la rue est propre. On ne peut réussir que de cette façon. Mais il ne faut pas surfer sur la tendance de la publicité commerciale : je trouve cela triste ! Quand je vois certains dépliants de supermarchés qui se posent en commerces écolos, et ils prennent des jetables… ce n’est certainement pas la solution ! ».
Quant à la fin du plastique alimentaire, Claude Ries n’y croit pas : «La fin du plastique ? Impossible ! Il existe peu d’alternatives pour la conservation des aliments. On peut uniquement diminuer la quantité».
Claude Damiani