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Luxembourg : Le MNHA présente 3000 ans de trésors chinois


Les origines de la civilisation chinoise sont à découvrir au Musée national d'histoire et d'art (MNHA) de Luxembourg (Photo : Alain Rischard).

Le MNHA de Luxembourg présente, à travers quelque 150 «trésors archéologiques du Henan», «les origines de la civilisation chinoise». Stupéfiant !

Il faut monter au quatrième étage du musée pour s’offrir ce voyage aussi bien dans l’espace que dans le temps proposé par l’exposition «Les origines de la civilisation chinoise – Trésors archéologiques du Henan». L’espace est immédiatement explicité avec, dès la première pièce, deux cartes présentant la province du Henan – dont le nom signifie «au sud du fleuve» (jaune) –, un petit territoire aux dimensions de la Chine actuelle, mais qui avec ses 167 000 km2 et ses 94 millions d’habitants serait le onzième plus grand pays de l’UE, et surtout, le plus peuplé. «On y a ajouté, à côté, la taille du Luxembourg, pour la comparaison, comme une petite blague», note Michel Polfer, le directeur du MNHA. Des terres centrales et fertiles qui ont, rappelle le responsable, constitué le terreau pour le développement de la civilisation chinoise.
Cette histoire est racontée ici à travers quelque 150 objets de prestige présentés pour la première fois non seulement au Luxembourg, mais aussi dans l’ensemble de la Grande Région. Trois mille ans d’histoire, d’évolutions, de successions dynastiques racontés en deux parties : la première, chronologique, présente, entre 2000 ans avant J.-C. et plus ou moins 200 ans, la naissance des premiers États centraux; la seconde, thématique, poursuit l’étude de 800 ans supplémentaires.

De nombreux trésors visuels
Pour les spécialistes, le visiteur passe des dynasties Xia et Shang à celle des Song. Mais que les béotiens en matière de civilisation chinoise depuis l’âge de bronze ne se découragent pas. Si les références historiques, géographiques et dynastiques, ainsi que les explications rituelles sont omniprésentes tout au long de l’exposition, de nombreuses pièces présentées à l’exposition sont aussi de véritables trésors visuels.
Que d’objets méconnus en Europe et qui racontent chacun une histoire passionnante! Les dings, par exemple, ces récipients réservés à la viande lors de cérémonies religieuses, et qu’on a trouvés en masse dans des temples ou des tombeaux. Parfois en bronze, avec des motifs en damier pour les plus anciens, ils peuvent être carrés, ornés de motifs d’animaux, comporter des couvercles ou des pieds décorés, être de grande taille, voire ornés de dragons. On peut aussi admirer les jue et jia, ces gobelets pour chauffer et boire le vin, des he en céramique, pour boire l’eau ou encore ces lings, ces cloches rituelles, dont la plus ancienne jamais retrouvée en Chine fait partie de l’exposition. Sans oublier ces yue, des armes composites symbole d’autorité…
Avec le temps qui passe, les objets se perfectionnent, le travail devient de plus en plus délicat, les motifs de plus en plus travaillés. Bronze, argent, or mais aussi protoporcelaine puis porcelaine à proprement parler sont très présents tout au long de ces «Origines de la civilisation chinoise». Mais le matériau des rois, des empereurs, était avant tout le jade. Armes d’apparat, masques funéraires, anneaux, bijoux, sculptures et ornements sont magnifiquement conservés. Mais le plus impressionnant est sans doute ce vêtement funéraire entièrement en jade cousu de fils d’or (photo). Étant un élément de la Terre, mais aux couleurs du ciel, «le jade, était supposé empêcher la décomposition du corps», explique Michel Polfer.
Certains de ces objets portent en eux les stigmates du temps qui passe, d’autres, étonnamment, malgré les siècles, comme ce Jun bleu clair en porcelaine, semblent sorti d’une exposition de design du XXe siècle. Surprenant. Tout comme les nombreux rapprochements qu’on retrouve entre traditions funéraires chinoises et traditions romaines, gauloises, précolombiennes…
Un vaste cycle de conférences et d’activités pédagogiques accompagne l’exposition. Et l’exposition aura, en 2020, son pendant en Chine, avec le MNHA qui présentera ses plus belles pièces d’archéologie romaine du Luxembourg.

Pablo Chimienti