Face au risque d’une guerre commerciale ouverte qui se traduirait par « un suicide économique », l’UE et la France ont plaidé vendredi pour une réforme « rapide » et « ambitieuse » de l’OMC, appelant la Chine à se joindre à leurs efforts.
« Les règles de l’OMC ont besoin d’être actualisées », a affirmé la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, lors d’une conférence à Paris sur le thème « une Organisation mondiale du commerce adaptée au XXIe siècle », à laquelle participait aussi le directeur général de l’OMC, Roberto Azevedo.
Organisée deux semaines avant le sommet du G20 de Buenos Aires, où la réforme de l’OMC devrait être abordée par les chefs d’Etat et de gouvernement, cette réunion s’inscrivait aussi dans la perspective de la présidence française du G7 l’an prochain, dont le « multilatéralisme » sera l’un des thèmes phare.
Le président Emmanuel Macron avait d’ailleurs lancé un appel à la réforme de l’OMC lors de la réunion annuelle de l’OCDE fin mai à Paris, comme l’a rappelé son ministre des Finances Bruno Le Maire vendredi dans son discours d’ouverture de la conférence, où il a fait part de ses craintes que la « guerre froide commerciale » actuelle entre les Etats-Unis et la Chine ne tourne à la « guerre commerciale ouverte ». « Cette guerre commerciale ouverte serait un suicide économique pour le monde entier », a alerté le ministre. « Cette guerre économique ne fera que des perdants. Elle est injustifiée, injustifiable et elle est tout simplement stupide. »
De la guerre froide commerciale à la guerre commerciale ouverte ?
Face à cette situation, M. Le Maire a fustigé les récentes sanctions commerciales prises par l’administration Trump, dont aucun représentant ne s’est déplacé à Paris pour exposer la position américaine. « Il y a une mauvaise réponse, c’est avoir une riposte de plus en plus dure qui va nous faire passer de la guerre froide commerciale à une véritable guerre commerciale ouverte », a-t-il prévenu. Entre les deux, « il n’y a désormais plus qu’un pas. Je souhaite que nous évitions que ce pas soit franchi.
» Selon le ministre, la bonne réponse « c’est le nouveau multilatéralisme » prôné par Emmanuel Macron qui doit se traduire par « une transformation de l’OMC », dont l’organe de règlement des différends, clef de voûte du système, pourrait se retrouver paralysé dès l’an prochain si les Etats-Unis maintiennent le blocage de la nomination de nouveaux juges.
La Chine doit prendre position
Cecilia Malmström a saisi l’occasion pour lancer elle aussi un appel, adressé cette fois-ci à la Chine pour qu’elle s’implique elle aussi dans la réforme de l’OMC et surtout qu’elle renonce à certaines pratiques souvent montrées du doigt par l’UE et Washington, qui créent des « distorsions » dans le commerce international. « La Chine a grandement tiré profit de l’Organisation mondiale du commerce et nous l’appelons à s’engager à nos côtés pour réformer et moderniser le système, afin de créer les conditions d’une concurrence à jeu égal », a affirmé la commissaire. « Sinon, ce seront les Etats-Unis qui créeront leurs propres règles en dehors du système », a mis en garde Mme Malmström, qui s’est lancée dans un véritable plaidoyer pour mettre à jour les règles du commerce international.
AFP