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Veuf séquestré à Esch : les trois soeurs clament leur innocence


À la barre, le septuagénaire avait raconté avoir été poussé dans les escaliers et puis maltraité par les trois sœurs qu'il hébergeait à l'époque dans sa maison à Esch-sur-Alzette. (Photo : F. A.)

Étranglé, frappé, bâillonné… C’est le récit d’un véritable calvaire que le septuagénaire avait livré, mardi, à la barre. Mercredi après-midi, la chambre criminelle a commencé l’audition des trois sœurs qu’il hébergeait à l’époque à Esch. Larisia B. conteste fermement avoir tenté de le tuer. Son explication : il s’est blessé en sautant par la fenêtre….

« Je n’ai pas vécu à ses frais. Je ne l’ai pas tapé avec les pieds. Je ne l’ai pas poussé dans les escaliers… » Tout ce que la prévenue Larisia B. (42 ans) concède, c’est d’avoir enfermé le septuagénaire dans sa chambre la nuit du 12 mai 2016. « C’était pour qu’il soit tranquille. Je ne savais pas comment le calmer. »

On est bien loin de la version livrée mardi par le septuagénaire. À la barre, le veuf avait raconté avoir été poussé dans les escaliers et puis maltraité par les trois sœurs qu’il hébergeait à l’époque dans sa maison à Esch-sur-Alzette : « Elles voulaient m’étrangler. Et puis elles m’ont enfermé dans une chambre du premier étage. C’est ce qui m’a sauvé.» En passant par la fenêtre, puis en s’agrippant à une gouttière, il avait expliqué avoir réussi à s’enfuir. Une voisine l’avait retrouvé en marcel déchiré, maculé de sang et fortement affaibli.

« Si je l’avais poussé dans les escaliers, est-ce qu’il aurait été capable de se relever dans sa chambre et de sauter par la fenêtre? » À la barre de la 13 e chambre criminelle, mercredi après-midi, Larisia B. a campé sur sa position. Selon elle, c’est lui-même qui s’est blessé en sautant par la fenêtre. Lors d’une crise de jalousie, il aurait commencé la dispute dans la salle de bains du premier étage : « Il m’a frappée deux fois. Ce n’était pas la première fois. Il ne s’attendait pas à ce que je réagisse et surpris, il est tombé dans les escaliers. » Quand elle avait vu le sang couler, elle aurait crié. L’une de ses sœurs l’aurait aidée à porter Monsieur dans sa chambre. Mais elle ne voulait rien savoir des traces d’étranglement : « Je n’ai vu personne l’étrangler. Je ne sais pas ce qu’il a fait quand il était dans la chambre… » C’en était trop pour la présidente : « Depuis toutes ces années où je fais de la correctionnelle et criminelle, je n’ai jamais vu quelqu’un essayer de s’étrangler lui-même! » « Comment était-il quand vous l’avez enfermé dans la chambre? », a-t-elle tenté de creuser.

«Un peu comme Hulk?»

Le parquet non plus n’a pas lâché prise : « Monsieur a déclaré qu’on lui avait arraché son marcel et qu’on le lui avait mis dans la bouche. Le morceau de tissu humide a été retrouvé par la police. Mais on ne le retrouve pas dans vos explications. » Une fois de plus Larisia B. a prétendu ne rien à voir dans tout cela : « Quand il s’énervait ou avait bu, il avait l’habitude de déchirer les vêtements qu’il portait. » « Un peu comme Hulk? », est intervenue la présidente. Et pour le tissu humide la prévenue avait aussi une explication : « …et il faisait ses besoins sous lui… » « Je ne suis pas une criminelle! », a fini par lâcher la prévenue.

Même refrain du côté de sa sœur Claudia S. (39 ans), entendue dans la foulée. Elle aussi conteste la tentative de meurtre, la séquestration et l’abus de faiblesse. « Pourquoi lui aurais-je fait une chose pareille alors qu’il m’a accueillie dans sa maison et qu’on était comme une famille? », a-t-elle tenté de convaincre les juges. Claudia S. dit avoir seulement aidé sa sœur à monter le septuagénaire dans sa chambre après sa chute dans les escaliers. Ensuite, elles l’auraient enfermé pour qu’il se calme. Claudia S. dit avoir rejoint avec Marinela S. en février 2016 Larisia B. qui vivait avec le septuagénaire à Esch. « On devait rester dans la maison seulement quelques jours le temps de trouver un travail. Mais comme je me suis fracturé la jambe, on est restées un peu plus longtemps .»

La troisième sœur, Marinela S., sera entendue ce jeudi après-midi lors de la suite du procès.

Fabienne Armborst