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Trafic de cocaïne entre Longwy et le Luxembourg : de plus lourdes peines requises en appel


D'après l'enquête, c'est dans cette rue de Longwy-bas, que les trafiquants nigérians avaient leur base arrière (Photo : Républicain Lorrain / René Bych).

Trois des sept hommes du présumé réseau de stupéfiants nigérian de Longwy, actif au Grand-Duché, espéraient obtenir une réduction de peine en faisant appel. Mais à entendre les réquisitions du parquet général, pas sûr qu’ils fassent une bonne opération : 8, 5 et 3 ans ont été requis.

« Cette peine est trop élevée. J’ai des enfants et une famille. S’il vous plaît, donnez-moi une chance», clamait, lundi après-midi, Jerade S. à la barre de la Cour d’appel. Il est l’un des sept hommes condamnés le 8 février dernier pour avoir mené un important trafic de drogue au Grand-Duché depuis Longwy. Insatisfait des six ans de réclusion ferme et 20 000 euros d’amende dont il a écopé, il avait interjeté appel.
C’est le 13 décembre 2016 que les autorités françaises et luxembourgeoises avaient arrêté les hommes, âgés de 32 à 49 ans. La présumée tête de cet important trafic frontalier de cocaïne avait été interpellée alors qu’elle se rendait à Rodange en bus. L’enquête avait établi que la base arrière se trouvait dans une ville proche de la frontière luxembourgeoise, Longwy. La marchandise était proportionnée dans la cité lorraine avant d’être vendue par des intermédiaires au Luxembourg.

«On était cinq dans la maison. Mais je ne sais pas ce que les autres ont fait. Je n’ai donné d’ordre à personne», s’est défendu Jerade S., lundi. D’après l’enquête, c’est lui qui avait loué la maison au 9 rue Pierre-Albert-Labro, à Longwy, où il accueillait plusieurs personnes. Il y avait non seulement la possibilité de dormir, mais également de stocker et de préparer la cocaïne. Au cours de l’opération policière avaient été saisis 332 g de cocaïne, 514 g de produits pour couper la drogue et 11 920 euros en liquide.

Les deux autres prévenus, Prince O. et Maduka U., qui demandent une réduction de peine à la Cour d’appel, avaient respectivement écopé de quatre ans (dont deux avec sursis) et 5 000 euros d’amende et de trois ans ferme et 1 500 euros. Le premier a, entre autres, été condamné pour s’être vu confier le business en l’absence du «chef», le second était spécialisé dans la préparation des boules de cocaïne… Tous les deux ont également tenté de minimiser leur rôle, lundi. «S’il ne m’avait pas passé son téléphone et demandé de le remplacer, je ne serais jamais ici devant vous», dira l’un. L’autre dira juste avoir aidé occasionnellement à «préparer des petites boules de 0,5 g et 0,9 g.»

«Une histoire pour la Saint-Nicolas…»

À tour de rôle, leurs avocats, Mes Éric Says, Pim Knaff et Maximilien Lehnen, ont demandé à la Cour de réduire les peines dans de plus justes proportions. Mais, du côté du parquet général, un autre son de cloche s’est fait entendre. «Il est clair que cette affaire n’a pas la même envergure que celle du « G33 » (NDLR : le réseau nigérian de Wassserbillig, démantelé en fin 2015), mais ce n’est pas non plus la petite affaire comme on essaie de la présenter», a entamé sa représentante dans son réquisitoire. Comme les premiers juges, elle estime qu’il n’y a pas lieu de retenir la circonstance aggravante que les infractions ont été commises au sein d’une association de malfaiteurs. Sur ce point, elle rejoint les plaidoiries de la défense. Mais cela s’arrête là.

Car pour le parquet général, Jerade S. était bien le donneur d’ordre dans cette affaire : «Il dit avoir vendu de la drogue pour lui-même. Mais il parle contre les évidences.» Et d’insister : «Pour 300 g de marijuana, on ne reçoit pas 2 000 euros. Ça, on peut le raconter à Saint-Nicolas, mais pas à une cour d’appel!» Bref, la peine prononcée en première instance serait trop légère. Elle demande huit ans de prison ferme et une amende plus importante contre l’homme qui a déjà été condamné en 2008, au Grand-Duché, pour trafic de drogue.

Aussi, contre Prince O., qui a bénéficié d’une mise en liberté provisoire au mois de juillet dernier, elle réclame une augmentation de peine : cinq ans et une amende de plus de 5 000 euros. «Ce n’était pas une petite main.» Et il n’aurait pas seulement remplacé Jerade S. durant son absence. La preuve : les écoutes téléphoniques.
Contre le troisième prévenu, Maduka U., le parquet général demande de confirmer la peine de prison de trois ans, mais de voir l’amende passer au-delà des 1 500 euros.

Prononcé le 5 décembre.

Fabienne Armborst