Une émouvante lettre de jeunesse de Charles Baudelaire annonçant son intention de se suicider, une tentative à laquelle il survivra en 1845, sera vendue dimanche avec 34 autres missives de l’auteur des « Fleurs du mal » par la maison d’enchères Osenat.
« Quand Mademoiselle Jeanne Lemer vous remettra cette lettre, je serai mort (…) Je meurs dans une affreuse inquiétude (…) Je me tue parce que je ne puis plus vivre, que la fatigue de m’endormir et la fatigue de me réveiller me sont insupportables », écrit à l’adresse de sa maîtresse Jeanne Duval le poète incompris de sa famille, accablé par les problèmes d’argent et d’alcool, en proie au doute sur son talent littéraire.
Il se donnera un coup de couteau sans conséquence grave. Il a alors 24 ans et vivra encore 22 années. Cette lettre, estimée entre 60 000 et 80 000 euros, sera le clou de la vente de cette maison basée à Fontainebleau, au sud-est de Paris. D’autres textes de Baudelaire où apparait sa belle écriture sinueuse sont en vente : un poème d’amour Les promesses d’un visage, des annotations contestant des violentes critiques littéraires des Fleurs du mal (« je n’ai jamais dit cela »), des écrits où il décrit son ennui, ses « idées noires », sa « fureur », sa haine de la « canaille française ».
Proust et Zola aussi en vente
Des lettres de Barbey d’Aurevilly, d’Eugène Delacroix, de Victor Hugo, d’Édouard Manet, qui lui sont adressées sont aussi rassemblées dans cette exceptionnelle collection Baudelaire. De nombreux autres écrivains du XIXe et du XXe siècle figurent dans cette vente prestigieuse, retraçant des échanges épistolaires passionnants sur de nombreux débats littéraires et scientifiques de ces époques.
Ainsi, des épreuves de la Bête humaine d’Émile Zola, 17e roman de la série des Rougon-Macquart et hommage aux chemins de fer, corrigées de la main du romancier du réalisme social, sont mises en vente. Les écrits de Zola en mains privées sont très rares, la quasi-totalité ayant été remis à la Bibliothèque nationale de France. Deux lettres autographes de Marcel Proust à sa mère, et un portrait photographique de 1896 où l’on voit Lucien Daudet, fils d’Alphonse Daudet, regardant amoureusement l’auteur de Du côté de chez Swan et s’appuyant sur son épaule. Une photo scandaleuse alors aux yeux de la famille de Proust.
LQ/AFP