«Arrivée à la politique en passant par l’enseignement et le théâtre», Odile Linden a reçu le prix du citoyen européen. Elle s’est employée à éveiller l’intérêt de ses élèves pour la politique européenne.
« J’ai toujours trouvé que l’éducation politique est une matière très intéressante », note cette professeure d’anglais qui n’a pas hésité à faire profiter de cet intérêt à ses élèves. «À travers mes cours, j’ai toujours essayé de transmettre des contenus à mes élèves et à leur apprendre à avoir une pensée critique.» Aujourd’hui, jeune retraitée, Odile Linster a commencé sa carrière au lycée Hubert-Clement à Esch-sur-Alzette où elle a fondé la troupe de théâtre Namasté avant de rejoindre le lycée Aline-Mayrisch de Luxembourg en 2011.
C’est par hasard, sans vraiment savoir dans quoi elle s’engageait qu’elle a commencé son aventure européenne qui lui vaut de recevoir le prix européen du citoyen 2018. «Lors d’un pot de départ, alors que je venais d’arriver au lycée Aline-Mayrisch, un collègue m’a proposé d’accompagner cinq élèves en Macédoine, raconte la lauréate. C’est de cette façon qu’on m’a transmis le projet de mon collègue Jemp Kunnert, le MEP pour Model European Parliament. J’ai appris plein de choses intéressantes grâce aux élèves.» Et réciproquement.
Le MEP est une simulation du Parlement européen réalisée avec les élèves regroupés en nations, parce que «nous pensons que les jeunes s’identifient davantage à des pays qu’à des partis politiques». Les pays rejoignent des commissions dans lesquelles les jeunes discutent de thématiques européennes. «Le but n’est pas qu’un pays soit plus puissant qu’un autre, mais que les participants arrivent à un consensus par la discussion et rédigent une résolution», explique Odile Linden qui n’en était à ce moment qu’au début de son parcours.
Projet local devenu international
En 2014, la professeure d’anglais organisait une session internationale du MEP : «175 jeunes de tous les pays européens avaient fait le déplacement», se souvient-elle. Confortée par ce succès, son équipe et elle ont organisé un MEP à l’échelle nationale avec sept lycées. Bien qu’Odile Linden soit retraitée, son projet continue de vivre. En janvier 2020, un MEP international consacré aux pays de l’ouest de l’Europe sera organisé. Le programme autour de ces MEP s’est étoffé de visites des institutions politiques luxembourgeoises et européennes ou de discussions avec des hommes politiques.
Mais ce dont Odile Linden est le plus fière, c’est «l’option Europe. Elle donne la possibilité aux élèves de rechercher des informations de fond et d’en discuter avec leurs camarades. C’est quelque chose qui manque dans nos lycées». Selon elle, tous les lycées devraient mettre en route ce type d’options. «Notre monde a besoin de jeunes éclairés qui s’intéressent à l’avenir du monde – pas uniquement du Luxembourg – et qui utilisent leurs savoirs politiques pour amener du changement», indique celle qui rêve d’une plateforme au sein de laquelle les élèves pourront concrétiser leurs idées «sinon nous ne serons qu’un pauvre pays riche».
C’est cet engagement sans relâche qui a valu à Odile Linden d’être choisie par les députés européens, Claude Turmes (avant que le décès de Camille Gira ne le ramène au Luxembourg) et Mady Delvaux, pour recevoir le prix qui lui a été remis jeudi dernier et dont elle est très fière. Mais Odile Linden a le triomphe modeste : «Je suis restée motivée toutes ces années parce que beaucoup de gens m’ont entourée et aidée.»
Sophie Kieffer