Deux policiers manifestement ivres, qui n’étaient pas en service et rentraient d’une soirée à bord d’un véhicule banalisé, ont percuté une camionnette tôt jeudi matin dans le centre de Paris, tuant un homme de 40 ans.
L’un des deux policiers a été placé en dégrisement en raison de son « état alcoolisé » – dont le taux n’a pas été précisé. Il sera placé en garde à vue et entendu sitôt qu’il « sera en état de l’être », a-t-on précisé de sources policières. L’autre était jeudi peu avant midi en garde à vue « effective », selon ces sources.
En fin de matinée, la police continuait de réguler la circulation sur les lieux de l’accident, les feux de signalisation ne fonctionnant plus. Une journaliste a constaté qu’un boîtier d’alimentation électrique avait explosé, sans doute sous l’impact.
Selon les premiers éléments de l’enquête, les deux fonctionnaires, un lieutenant et un brigadier de police en poste à la police judiciaire (PJ) de Seine-Saint-Denis, revenaient d’une soirée dans une boîte de nuit du VIIIe arrondissement de la capitale, rue Pierre Charron. Il s’agissait de la traditionnelle soirée annuelle d’un autre service de la PJ, un office central.
Remontant le boulevard Sébastopol en brûlant les feux rouges à vive allure, selon des caméras de vidéosurveillance en la possession des enquêteurs, ils ont percuté à 04H15 une camionnette livrant du pain.
Le conducteur a été tué, éjecté de son véhicule sous la violence du choc.
L’un des policiers incriminés, le chauffeur apparemment, a dit que son collègue conduisait, mais ils étaient tous deux « manifestement dans les vapeurs de l’alcool » et « tenant à peine debout », selon une des sources policières.
« Si l’enquête judiciaire confirme les premières constatations et révèle un comportement fautif et inadmissible des policiers, il feront l’objet de sanctions disciplinaires d’une très grande sévérité, indépendamment des poursuites pénales », a assuré dans un communiqué le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve.
« Dans l’attente des conclusions des enquêtes en cours, ils seront immédiatement suspendus », a-t-il ajouté, assurant à la famille de la victime que « toute la lumière sera faite sur cette tragédie ».
Un choc « très violent »
Les faits semblent « implacables » en l’état des investigations, ont dit les sources policières. « Ils avaient bu plus que de raison » lors de cette soirée festive où se rendent chaque année, dans la même boîte de nuit, des dizaines de fonctionnaires de différents services de la PJ.
« Une trentaine d’agents de police étaient sur place à 6H00. Le Samu arrivé à la même heure est reparti très vite. Au sol, il y avait un corps recouvert d’un drap blanc », a déclaré à l’AFP un témoin ayant souhaité garder l’anonymat.
« Quand je suis sorti de chez moi vers 07H00, j’ai vu le cordon de police, qui avait été mis en place entre le boulevard de Strasbourg jusqu’à Etienne Marcel », a précisé un autre, Etienne, qui habite à 300 mètres du lieu l’accident. « J’ai vu une camionnette blanche dont le devant était enfoncé, on sentait que le choc avait été très violent ».
L’Inspection générale de la police nationale (IGPN, « police des polices ») a été saisie de l’enquête, de même que le service de traitement judiciaire des accidents (STJA).
L’utilisation des véhicules de service dans la police est fortement réglementée et doit être motivée par des raisons de service.
Cette affaire, si les faits sont confirmés, pose également le problème, parfois récurrent dans la police, des pots et fêtes de service, a aussi précisé une des sources policières.
AFP