Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Après 30 ans dans l’univers de la BD, Superjhemp, le superhéros grand-ducal, arrive enfin au cinéma, mercredi prochain. « De Superjhemp Retörns » (de Félix Koch), une comédie… super !
Soyons honnêtes, on n’attendait pas grand-chose de ce Superjhemp au cinéma. De ce film en images réelles reprenant l’univers de la BD la plus populaire du Grand-Duché. D’abord, parce que les adaptations ciné du monde des phylactères donnent rarement des résultats de qualité. Ensuite, parce qu’avec Superjhemp, on risque facilement de tomber dans la comédie potache de bas étage. Enfin, parce qu’avec ses récits et ces personnages luxembourgo-luxembourgeois, il y a le risque de tomber dans un entre-soi ennuyeux.
Autant de craintes qui ont été balayées dès les toutes premières minutes du film. L’image est léchée, le mixage de qualité, le montage pertinent, les nombreux effets spéciaux réussis, les personnages bien travaillés et le récit rapidement prenant.
On retrouve donc Superjhemp… à la plage, ou presque. Le film commence avec, comme cadre, la plage, la mer, le ciel bleu… et un Superjhemp qui tombe du ciel. Cut. Flash-back. Alors que le prince Luc doit être couronné dans les prochains jours pour devenir Petit-Duc de Luxusbuerg, la couronne, présentée lors d’une exposition en lien avec les 100 ans du pays, disparaît, en partie, grâce à un étonnant système électronique créateur d’un trou noir.
La police est incapable de résoudre le mystère, alors le futur monarque ordonne à son maréchal de la Cour : «Retrouvez Superjhemp !» Le superhéros national a beau avoir disparu depuis de très longues années, personne n’a oublié son dévouement pour l’État et l’énergie qu’il mettait pour arrêter les bandits en tout genre.
Superman, Batman et The Incredibles
On confie la mission de retrouver le héros à Charel Kuddel, un vieux fonctionnaire bedonnant et moustachu dont la principale réussite aura été de faire de sa famille une famille tout ce qu’il y a de plus normal. Un homme sans histoire… mais qui cache un secret inavouable. Une identité qu’il n’ose plus révéler. Car dès qu’il mange du Kachkéis, il devient super fort, super rapide, il peut même voler ! Car oui, Charel Kuddel est Superjhemp !
On retrouve une pointe de Superman, dans ses pouvoirs, mais aussi dans le fait qu’il aime une journaliste – ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes de confidentialité –, un soupçon de Batman, dans cette cave secrète où Superjhemp cache ses super-affaires, mais aussi pas mal de Bob Parr des Incredibles dans le personnage qu’il a choisi comme couverture. Et Félix Koch ne s’en cache pas, au contraire, il s’en amuse, en proposant différents clins d’œil.
Des clins d’œil décalés à la réalité luxembourgeoise, à des personnalités (ou à leur nom), de lieux, d’entreprises sont aussi légion dans ce qui reste avant tout une comédie familiale, pleine de gags sympathiques et adaptée à tous les publics. Mais le réalisateur, qui a écrit le scénario avec Thierry Faber, a également tenu à y ajouter de la profondeur; une histoire d’amour sincère mais qui s’effrite à cause du temps, des relations familiales compliquées entre les générations – avec des jeunes geeks et des parents totalement dépassés –, les difficultés pour faire son «come-back», les dangers qui pourraient rapidement inverser le sens des migrations, sur ces médias avides de scoops…
Résultat, on passe un bon moment devant ce Superjhemp Retörns. Un film clairement luxembourgo-centré, mais qui n’exclut en rien ce qui ne serait pas 100% luxembourgeois – d’ailleurs le film est sous-titré en français. Et pas non plus besoin de connaître par cœur les 29 tomes des aventures de Superjhemp pour profiter du film. Son récit se suffit à lui-même. Une réussite !
Pablo Chimienti
Sortie en salles mercredi. Avant-premières ce week-end. Plus d’infos sur kinepolis.lu
