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Scandale à la Fifa – Paul Philipp : « Ça m’emmerde d’aller à ce Congrès »


Paul Philipp en compagnie de Michel Platini (Photo : Julien Garroy)

Le président de la FLF, Paul Philipp, est arrivé hier en Suisse. Ambiance.

Accompagné de Charles Schaak, vice-président de la Fédération luxembourgeoise de football, et de Joël Wolff, secrétaire général, Paul Philipp, big boss du foot grand-ducal, est arrivé en Suisse, en voiture, hier après-midi. Joint par téléphone alors qu’il se trouvait à Bâle, Philipp ressentait déjà les effets des secousses qui avaient frappé Zurich tôt dans la journée.

Plus surpris par le timing de l’arrestation des sept responsables que par l’existence de la corruption, Paul Philipp est un homme en colère, désabusé, fatigué, mais trop amoureux de son sport pour ne pas participer, à son échelle, à faire en sorte que le football termine plus fort que les hommes qui le dirigent.

Êtes-vous surpris par cette nouvelle ?

Paul Philipp : Oui. Je ne suis pas surpris par l’existence de ces irrégularités, ces problèmes, ces pots-de-vin, mais je suis étonné du timing.

À deux jours des élections à la présidence de la FIFA, ce timing n’est pas anodin…

Voilà, il y a ce Congrès qui se profile. Il y a aussi un côté pratique dans ce choix de faire ces arrestations à ce moment précis. On a voulu cueillir tout le monde sur place. Moi, maintenant, ce ne sont pas les recherches qui sont faites qui m’intéressent. Les recherches, je m’en fous. Je veux des résultats, des conséquences. Parmi les gens qui sont cités, il y a ce monsieur de Trinité-et-Tobago (NDLR : Jack Warner, déjà mis en cause dans plusieurs affaires de corruption), dont le nom avait déjà été associé à des histoires pas très nettes. Maintenant, je veux de l’action, qu’on ne les voie plus jamais dans le foot.

Ces arrestations peuvent-elles changer le résultat de ces élections, qui donnaient Sepp Blatter immense favori face au Prince Ali ?

Je n’en suis pas sûr, on va voir. On a une réunion demain matin à 11 h (NDLR : ce matin) entre fédérations de l’UEFA. J’espère que ce rendez-vous va permettre de définir une ligne claire.

Si Michel Platini dit de voter pour le Prince Ali, vous suivrez le mouvement ?

Je serai à l’écoute, mais ça ne veut pas dire que je vais exécuter ce qu’on me dit. Nous ne sommes que 54 fédérations dans l’UEFA et il y en a 209 en tout. Autrement dit, on ne représente que le quart. Je suis d’avis que l’UEFA n’a pas été bien manœuvrée.

Nous sommes la confédération la plus forte grâce à des choses comme la Ligue des champions. Des joueurs du monde entier jouent au sein de notre confédération et on n’est pas capables de proposer une alternative à Blatter? Je n’ai rien contre le Prince Ali, mais on aurait dû être capables de proposer quelque chose d’autre.

Qui ?

Jusqu’à la semaine dernière, il y avait encore Michael van Praag et Luis Figo. Van Praag s’est retiré en demandant de voter pour le Prince Ali. Figo m’a appelé jeudi dernier pour me dire qu’il retirait sa candidature. Moi, j’aurais voté pour lui. Et pour le coup, Figo n’a pas du tout indiqué qu’il fallait voter pour le Prince Ali. Vendredi, je ne voterai pas pour un candidat…

Mais plutôt contre un candidat ?

Pas forcément. Il y a aussi la possibilité que je ne vote pour personne. J’attends des nouvelles de Platini. À mon sens, l’UEFA doit faire l’effort d’aller vers l’Afrique, vers l’Amérique du Sud… Blatter a isolé l’UEFA du reste du monde. On passe pour les méchants qui ont de l’argent et ça fait son jeu.

L’image générale du foot va-t-elle souffrir de cet immense scandale ?

Ça m’emmerde d’aller à ce Congrès. J’y vais au nom du foot. Le foot est tellement beau qu’il ne mérite pas des gens comme ça. On parle de choses dont on ne devrait pas parler. Même si l’UEFA tourne bien, notamment au niveau financier, elle devrait plus se soucier de ce qui se passe ailleurs. Peut-être que je rêve… Tout ça est néfaste pour le foot.

Qu’est-ce qui pourrait faire en sorte que vous ne vous emmerdiez pas lors de ce Congrès ?

Pfff (il soupire)… Tout le monde va réciter ses prières, comme d’habitude. Puisque c’est un ami et un personnage fort, j’espère que Michel Platini se positionnera clairement. Il a le droit de profiter de ce Congrès et de prendre la parole. Est-ce qu’il le fera ?

Recueilli par Matthieu Pécot