Les fonctionnaires marquent leur réticence à l’égard du oui.
Anne, d’origine belge, a opté pour la double nationalité dès la première année où cette possibilité s’est ouverte, en 2008. Elle qui a grandi au Luxembourg a intégré la fonction publique, mais reste lucide sur les réalités du pays : «Le Luxembourg a de toute façon toujours été un pays ouvert, et il est quand même dangereux que le secteur privé ne soit presque pas représenté parmi les électeurs. Il faudra cependant être attentif à garder certains de nos acquis, car je suis très attachée au multilinguisme, notamment à l’école.»
Pour sa collègue Florence, cela sera définitivement non : «Pour les résidents étrangers, le risque est que leur vote soit guidé par des intérêts à court terme, car ils seront de retour dans leur pays d’origine au moment de partir en pension. Alors que les Luxembourgeois, eux, seront toujours là. Et puis, pourquoi les étrangers n’auraient pas, eux, une obligation de voter comme les Luxembourgeois? Nous ne serions alors pas égaux. Cette forme de référendum, c’est véritablement du populisme de la part des partis politiques. Si le non l’emporte, les Luxembourgeois seront stigmatisés comme xénophobes alors que l’intégration des étrangers marche si bien ici. Par contre, si le oui l’emporte, les partis politiques vont en retirer tous les lauriers. Ils ne prennent pas leurs responsabilités!»
Nationalité et langue luxembourgeoise
Martine travaille également pour l’État. Pour elle, les choses sont très claires, nationalité et langue luxembourgeoise sont intimement liées : «Je parle le luxembourgeois, le français, l’allemand et l’anglais. Si demain je m’installe en France, je parlerai la langue non? Mais par contre, je n’aurai toujours pas le droit de vote. Ici, c’est pareil. Si les gens veulent pouvoir voter – et les non-Luxembourgeois le veulent-ils vraiment? – ils doivent être luxembourgeois. C’est très simple. Je ne suis pas raciste, mais j’ai beaucoup de voisins qui sont mariés avec des étrangers qui ne veulent pas s’intégrer, qui ne font pas l’effort d’apprendre la langue. C’est quand même le comble de ne trouver personne qui parle luxembourgeois quand on va faire ses courses dans un supermarché comme Cactus!»
Audrey Somnard
Bonjour à tous, naturalisé luxembourgeois depuis 2006 en ayant renoncé à ma nationalité d’origine et vivant au Luxembourg depuis 1995, j’ai appris mes premiers mots de luxembourgeois avec des clients luxembourgeois puis avec des cours au centre de langues puis avec le projet MOIEN en 2000. Avec le métier difficile de la restauration apprendre le luxembourgeois a été une grande volonté d’intégration. J’ai fait quelques conseils d’administration d’asbl luxembourgeoise en qualité de membre, puis un peu de politique nationale. Avec ses expériences différentes je peux témoigner que l’intégration dans un pays est difficile mais possible. Bien souvent je remarque que les étrangers vivants au Luxembourg se sentent très peu concerné par la vie communale ou nationale, dans les fêtes de village il est très rares de voir des étrangers. En ce qui me concerne un référendum sur le droit de vote dans un pays n’a pas sa légitimité, cela s’obtient par la nationalité du pays dans lequel nous vivons c’est tout.