Accueil | A la Une | Couple âgé braqué à Bereldange : dix ans après, elle n’a rien oublié de cette veille de Noël

Couple âgé braqué à Bereldange : dix ans après, elle n’a rien oublié de cette veille de Noël


Les auteurs réussiront à dérober 3 500 euros en liquide et des bijoux d'une valeur d'environ 186 000 euros. (illustration Editpress)

Fin 2008, un couple de personnes âgées avait été brutalement agressé à son domicile à Bereldange. Depuis lundi, quatre hommes et une femme sont jugés.

« Je n’aurais pas dû les faire rentrer. J’aurais dû être plus vigilante.» L’épouse, âgée à l’époque de 75 ans, s’en veut toujours d’avoir ouvert la porte de leur appartement à Bereldange. Son mari (83 ans) lui aurait bien dit de ne laisser entrer personne. «Mais si on ne laisse personne visiter, on ne pourra jamais le vendre», lui avait-elle répondu. À l’époque, le couple avait en effet mis son appartement en vente. Il était passé par une agence immobilière. Un agent était venu prendre leur intérieur en photo. Des photos qui auraient ensuite été exposées dans la vitrine d’annonces immobilières.

Le 23 décembre 2008, un potentiel acheteur avait directement sonné chez eux. «Il expliquait vouloir acheter l’appartement.» Un visiteur particulièrement emballé, si l’on suit les déclarations de la victime. Il se serait non seulement intéressé à la marquise (store) sur la terrasse, mais également à leurs placards – l’un contenait le fameux coffre-fort…

«À la fin de la visite, il a dit revenir le lendemain avec sa femme.» La victime se souvient très bien de cette dernière : «C’était une femme très chic avec de longs cheveux noirs, des lentilles de contact turquoise et des talons.»

C’est à la fin de la visite alors qu’ils devaient aller voir la cave et le grenier que tout a chaviré. Deux autres individus sont entrés par la force, raconte la victime. «Ils m’ont jetée à terre. Ils m’ont attaché les bras et les jambes et bâillonnée.» Submergée par l’émotion, elle marque une pause dans son récit. Les larmes aux yeux, elle poursuit : «J’avais du mal à respirer.» Les agresseurs l’auraient forcée à dévoiler le code du coffre-fort. «Je ne voulais pas, car je savais ce qu’il contenait.»

Mais vu la suite des événements, elle sera contrainte de l’ouvrir. Pour la raviver, ils lui auraient jeté une casserole d’eau froide dessus. «Mon mari était presque aveugle, c’est moi qui devais ouvrir le coffre-fort. Mais comme je tremblais tellement, je n’ai pas réussi trois fois.» C’est alors que le «chef de la bande» les aurait menacés avec un pistolet : «Si vous n’ouvrez pas le coffre-fort, je vous tue.» Elle avait cédé : «Je préférais perdre tous mes bijoux… que perdre la vie.»

Originaires de Forbach

Les auteurs réussiront à dérober 3 500 euros en liquide et des bijoux d’une valeur d’environ 186 000 euros. Ils laisseront toutefois la collection de timbres après avoir passé un coup de fil à une personne extérieure. Avant de s’enfuir, ils ont pris la précaution de débrancher tous les téléphones et lancé un dernier conseil au couple : «Si vous appelez la police, on revient et on vous tue.»

«C’était une vraie affaire criminelle. On aurait presque pu en faire un film», a enfin déclaré mardi après-midi la victime. Elle n’est pas près d’oublier cette veille du réveillon de Noël : «J’étais couverte de bleus et mon mari avait quatre côtes cassées.» Ce dernier, entretemps décédé, ne s’en remettra d’ailleurs jamais totalement.

Son épouse, quant à elle, n’a jamais baissé les bras. Elle déclare avoir toujours espéré recroiser quelque part la femme. Près de dix ans après les faits, elle n’a d’ailleurs pas de mal à la reconnaître formellement : «C’est bien elle.» Tout comme les trois autres hommes présents sur le banc des prévenus.

Ce n’est qu’en juillet 2014 que le premier prévenu a pu être identifié. Le profil génétique retrouvé sur une ceinture dans l’appartement avait été comparé par la banque de données ADN internationale. Arrêté en France, le suspect avait était extradé au Luxembourg. La suite de l’enquête avec, entre autres, les retraçages téléphoniques avait permis d’interpeller les quatre autres prévenus âgés entre 31 et 42 ans. Tous viennent du coin de Forbach.

Comment les prévenus ont-ils trouvé le chemin jusqu’à Bereldange ? Voilà l’une des questions qui occuperont les débats. Suite du procès devant la 9e chambre criminelle ce mercredi après-midi.

Fabienne Armborst