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La faute au système

Tous les partis sont d’accord : quelque chose ne fonctionne plus dans le système électoral luxembourgeois. Il favorise les grandes formations au détriment des outsiders et ne reflète plus l’opinion du pays dans ses choix politiques plus fractionnés que par le passé. L’exemple le plus souvent cité depuis dimanche est le score de l’ADR dans l’Est où le parti souverainiste a récolté 9,5 % des votes mais n’a aucun élu alors que le CSV, qui a perdu 7,5 points, y conserve ses trois sièges.
Ressurgit donc le serpent de mer de la circonscription unique en lieu des quatre actuelles. Même Claude Wiseler a entonné ce refrain, rejetant en partie la faute du recul inattendu du CSV sur un système qui ne lui a pourtant pas si mal réussi, puisqu’il reste le premier parti en nombre d’élus quand bien même il sera probablement privé de gouvernement.
Dans une circonscription unique et avec une refonte du principe du siège restant, nul doute que l’ADR aurait eu son député à l’Est et même davantage. Les surprenants pirates et leurs deux élus auraient pu doubler la mise, déi Lénk gagner un siège et le KPL peut-être retrouver le chemin du Krautmaart.
À y regarder de près, le CSV y perdait davantage de plumes, tout comme le DP et le LSAP qui a réalisé son pire score depuis 1945. Au vu du résultat, déi gréng n’ont pas à se lamenter d’un système qui leur offre le sacre avec neuf députés contre six dans la Chambre sortante.
Pourtant, depuis dimanche, tous s’attristent du déficit démocratique découlant de ce fonctionnement et, main sur le cœur, jurent de le changer. Larmes de crocodile à vrai dire, tant les grands partis, qui détiennent la clé de ce changement, y ont peu intérêt. Une situation bien résumée sur les ondes de RTL par le président du LSAP, Claude Haagen : «Là nous sommes tous dans le consensus, mais y serons-nous toujours au moment de changer?» En effet, que feront les grands partis quand il s’agira de choisir entre gain démocratique et gain électoral?
À parier que le serpent de mer n’a pas fini de faire des ronds dans l’eau.

Fabien Grasser