Le Grand-Duché a repris la tête du groupe 2 de Nations League, lundi soir, en s’imposant sans trembler contre Saint-Marin. Les finales, c’est en novembre.
Il n’y avait a priori qu’un impératif majeur à remplir contre Saint-Marin : marquer vite. De ce point de vue-là, les Roud Léiwen ont fait encore mieux qu’à l’aller, à Serravalle, le mois dernier, où ils avaient ouvert le score au bout de dix petites minutes. En poussant le ballon au fond après moins de 300 secondes de jeu, Dave Turpel a, soyons clair, déjà donné satisfaction à son sélectionneur, qui ne vise qu’une chose, la victoire «même si cela doit être avec un seul but d’écart».
À partir de là, deux attitudes possibles. Soit, par pur cynisme, on se désintéresse de la suite du match et l’on se concentre sur le résultat stratégique du Belarus – Moldavie qui se déroule au même moment à Minsk. Soit l’on se dit que l’on tient là une occasion unique de mesurer ce qui fait une énorme différence entre le Luxembourg d’il y a 15 ans, celui qui avait alors quasiment le niveau de Saint-Marin, et celui d’aujourd’hui. Et cette différence, on aimerait bien qu’elle ne soit pas qu’optique, mais également quantifiable.
Même Luc Holtz a (un peu) râlé devant le manque d’envie de ses gars de torpiller purement et simplement les Saint-Marinais à l’aller. Faire l’économie de cartons pleins quand l’occasion se présente, voilà bien une délicatesse que ses garçons ne doivent pas se permettre car le football de haut niveau se nourrit aussi des expériences devant le but. Et lundi, on a encore vu le déficit, dans la surface. Dix frappes pour sanctionner une possession de balle pas loin de 80 % et seulement un but au final ? Ce n’est pas assez !
Le doc… la dent de Philipps dans la main
À cet égard, ces petits Luxembourgeois tellement à l’aise avec le ballon jusque dans les 20 derniers mètres ont peut-être besoin d’un petit coup de main… et de pression supplémentaire. Par la grâce d’un magistral et terrifiant coup de coude pleine poire de Gasperoni, Saint-Marin va se retrouver en infériorité numérique pendant 40 minutes. Alors que l’un des deux médecins de la sélection, Ted Schmit, sort du terrain avec une canine de Chris Philipps dans la main, on se dit que si là, le Grand-Duché ne fait pas une différence concrète, c’en deviendra désespérant. Il doit être mordant !
Cette nécessité statistique, les hommes de Luc Holtz l’ont bien perçue. Ils n’ont pas manqué de la matérialiser en mettant du rythme jusque dans leurs changements de joueurs. Hors de question de perdre du temps, surtout qu’il n’est pas à exclure non plus que le goal-average général puisse jouer un petit rôle en bout de course, si la qualif est en jeu et que le Belarus est encore dans les parages.
La différence concrète va finir par venir, grâce au culot et à la vista des petites pépites que sont Vincent Thill et Danel Sinani, dont la créativité méritait bien d’être récompensée en termes statistiques. Thill, tellement content de remettre son premier but depuis celui inscrit contre le Nigeria, a même pris soin de s’agenouiller devant Turpel pour le remercier de son offrande alors que c’est bien lui qui, souvent, a fait des différences et mériterait quelques applaudissements.
On réservera les nôtres pour cette sélection qui est parvenue à rester première de son groupe grâce au résultat nul de l’autre match du groupe. Il faudra aborder le Belarus, au mois de novembre, avec la certitude qu’un nul peut suffire à notre bonheur. Luc Holtz jurait dimanche soir que cette perspective ne lui plaisait pas. Et si on lui pose la question, aujourd’hui?
Julien Mollereau