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Des personnes handicapées à terre pour dénoncer l’immobilisme du pays


Il s’agit du premier «Die-in» (action pendant laquelle les participants simulent la mort) en France de personnes handicapées moteur. (Photo AFP)

«Accessibilité en danger, l’État nous met à terre !» Une vingtaine de personnes handicapées ont quitté leurs fauteuils pour s’allonger sur le sol mercredi à Paris, lors d’une opération surprise, pour montrer leur «colère» et interpeller le gouvernement.

Il s’agit du premier «Die-in» (action pendant laquelle les participants simulent la mort) en France de personnes handicapées moteur, soulignent les organisateurs, le Collectif pour une France accessible, comprenant une quarantaine d’associations dont l’APF (Association des paralysés de France).

Arrivés en fauteuil roulant à l’entrée de la place Beauvau, près du ministère de l’Intérieur et à deux pas du Palais de l’Elysée, les participants ont été stoppés par un cordon de CRS et le déploiement de grilles puis se sont étendus sur le sol vers 11h15. Les organisateurs avaient prévu un «Die-in» au centre de la place.

L’objectif de cette action spectaculaire ? Interpeller durant le Conseil des ministres le président de la République et son gouvernement et faire entendre «la colère et l’indignation» des personnes handicapées «face aux reculs de l’accessibilité».

A Toulouse, quelques dizaines de personnes, dont beaucoup en fauteuil roulant, se sont rassemblées dans l’après-midi devant la préfecture à l’appel du Collectif pour une France accessible, après avoir souvent dû se frayer un chemin entre scooters et voitures sur les pavés des ruelles du centre-ville. Quelques-unes ont symboliquement occupé le hall d’entrée de la préfecture vers 14h30.

«On ne peut pas rouler sur les trottoirs. Alors, on roule sur la route. C’est très dangereux», témoigne Kevin Fermine, 23 ans. «Ai-je droit de sortir de chez moi ?», «Comment aller travailler ?» ou «Accessibilité, non au report», pouvait-on lire sur des panneaux. «Cela fait 40 ans qu’on nous promet l’accessibilité», explique Odile Maurin, représentante en Haute-Garonne de l’APF.

«Il y a eu deux lois, en 1975 et 2005, obligeant l’accessibilité dans le neuf mais très peu a été fait. Il n’y a eu aucune sanction. Maintenant, une ordonnance, qui doit passer devant le Sénat le 2 juin, donne de nombreuses dérogations», déplore-t-elle, alors que «la France est déjà la lanterne rouge de l’Europe».

Des centaines de personnes avaient déjà manifesté en février dans toute la France pour protester contre les nouveaux délais accordés pour l’accessibilité des lieux publics, commerces, restaurants et moyens de transport, le gouvernement défendant de son côté une démarche «pragmatique». La loi de 2005 prévoyait une échéance de dix ans pour réaliser les aménagements nécessaires. Mais de nouveaux délais, de 3, 6 ou 9 ans selon les lieux, ont été accordés.

AFP