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Les chauffeurs de bus en souffrance


Au total, 2 500 chauffeurs sont concernés par le problème d'amplitude horaire. (illustration Fabrizio Pizzolante)

L’OGBL demande une réduction de l’amplitude du temps de travail des chauffeurs de bus du secteur privé, qui peut s’étendre jusqu’à 15 heures par jour et affecte leur vie familiale et professionnelle.

De 11 à 15 heures par jour : c’est l’amplitude du temps de travail des chauffeurs de bus du secteur privé au Luxembourg. Une amplitude horaire si large qu’elle a inévitablement un impact sur la vie privée et familiale des chauffeurs, mais aussi sur la sécurité des passagers, selon l’OGBL qui demande à limiter cette amplitude à 10 heures par jour. Au total, 2 500 chauffeurs sont concernés.

«Presque aucun groupe professionnel au Luxembourg n’est confronté à des horaires de travail aussi longs et flexibles que celui des chauffeurs de bus. Par conséquent, l’OGBL-ACAL ne peut se contenter de petites augmentations de salaire et de promesses creuses. L’OGBL refuse que ces salariés soient considérés comme des salariés de seconde classe», a déclaré Romain Daubenfeld, de l’OGBL, mercredi, dans les bureaux du syndicat à Esch-sur-Alzette.

Cette limitation de l’amplitude du temps de travail a en effet été refusée «catégoriquement» par l’organisation patronale, la Fédération luxembourgeoise des exploitants d’autobus et d’autocars (Fleaa) lors de la première rencontre pour renouveler la convention collective dans le secteur des bus, le 19 juillet dernier.

D’après l’OGBL, les représentants des employeurs ont proposé en contrepartie du maintien de cette amplitude des augmentations salariales jugées «ridiculement faibles» par le syndicat. Du coup, les négociations sont au point mort. «On ne demande pas une augmentation de salaire, ce n’est pas le plus important. Le plus important c’est la vie privée et la sécurité», a insisté Romain Daubenfeld.

Traitement inégalitaire

Le syndicat Transport sur route/ACAL de l’OGBL a déjà obtenu quelques succès dans le conflit sur les amplitudes horaires : les conducteurs qui parcourent les lignes RGTR de moins de 50 km se voient, depuis l’adoption d’un règlement grand-ducal, payés en heures supplémentaires le temps de travail qui s’étend au-delà de 10 heures. Les courtes pauses sont également désormais comptées comme temps de travail. Cette nouvelle réglementation entrée en vigueur l’an passé a amélioré les conditions de travail de nombreux chauffeurs de bus, a assuré le syndicat.

Mais «les chauffeurs qui font les routes RGTR de plus de 50 km ont également droit au loisir !», a plaidé l’OGBL. «Ce qui nous gêne également, c’est la longue durée entre deux tournées. Les chauffeurs doivent rester près de leur bus pour pouvoir rouler en cas de besoin mais ne sont pas payés par l’employeur !»

Un traitement inégalitaire inadmissible pour le syndicat, d’autant que le budget alloué aux entreprises privées de bus RGTR a été de presque 170 millions d’euros pour l’année 2018. «Bien plus [que celui prévu pour les] entreprises publiques AVL ou TICE, par exemple», note l’OGBL. «Malgré le financement généreux des entreprises privées par le secteur public, il existe encore de grandes différences de conditions de travail entre les bus urbains et intercommunaux d’une part et les bus RGTR d’autre part.»

Et d’ajouter : «Si les bus RGTR sont financés par des fonds publics, les entreprises ont l’obligation de garantir les loisirs et la vie familiale pour leurs conducteurs et de garantir la sécurité des passagers ! Les entreprises RGTR n’ont pas seulement une responsabilité envers leurs employés, mais aussi envers la société dans son ensemble, qui paye pour le financement des lignes !»

Tatiana Salvan