La salle d’attente est quasiment vide. Chez ce médecin généraliste d’Audun-le-Tiche, rien ne laisse deviner que la région est médicalement sinistrée. Ces dernières années pourtant, le nombre de professionnels de santé en activité dans le Pays-haut a fondu comme neige au soleil.
« Heureusement, il y a le Luxembourg. Moi j’y ai travaillé, je peux me soigner là-haut », soupire le seul patient dans la salle. Mais tout le monde ne peut pas en dire autant.
Sur le territoire du Val d’Alzette, les médecins généralistes se comptent sur les doigts des deux mains. Une situation inconfortable, d’autant que la plupart ont l’âge de partir en retraite. Un équilibre précaire subsiste, mais il ne tient qu’à un fil. Il y a deux semaines, deux médecins (à Audun-le-Tiche et Russange) étaient en congés maladie.
Pendant ce temps, le projet de Maison de santé est au point mort. Pourtant incluse dans le projet de territoire de la communauté de communes du Pays haut Val d’Alzette (CCPHVA), sa mise en œuvre patine. Certains pointent la traduction d’un réel manque de volonté politique. Plus concrètement, l’investissement nécessaire à sa mise en chantier (estimé à 1,5 million d’euros), tombe mal dans le contexte financier fragile de la CCPHVA. Exceptées quelques réunions informelles entre élus et médecins, rien de concret, ni aucune avancée notable n’est à signaler.
Une certaine « féminisation » du métier en cause
« Une maison de santé ? Pourquoi pas… Ce n’est pas nouveau, ça existe depuis 1981, souffle un médecin audunois qui préfère rester anonyme. Mais ça ne changera rien. Le vrai problème, c’est le manque d’attractivité du territoire. » La désertification serait due, selon lui, à une certaine féminisation du métier. « Les nouveaux diplômés veulent quoi ? Des grandes écoles pour leurs enfants, des boutiques… Ils vont à Metz ! » D’autres suivent leur famille, au gré des mutations professionnelles, et ne peuvent pas s’installer durablement.
Quelles solutions, alors, pour attirer les médecins ? Le principal intéressé botte en touche. Pour lui, la question de la désertification médicale repose sur les épaules des élus. Jusqu’à présent, personne n’a réussi à trouver la solution miracle.
Obliger les nouveaux diplômés à s’installer dans les déserts médicaux ? Le gouvernement refuse de prendre une mesure coercitive à l’encontre des médecins. Reste la possibilité d’embaucher des médecins étrangers, comme cela se fait ailleurs.
La Moselle a pris du retard. Certains villages, à l’instar de Waldwisse n’ont plus de généraliste. La ville d’Algrange n’en compte qu’un seul pour 6 000 habitants. Ici, il y a urgence.
Damien Golini (Le Républicain Lorrain)