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Metz : Ema, 4 ans et polyhandicapée, menacée d’expulsion


Ema a besoin d’une rééducation adaptée à l’infirmité motrice d’origine cérébrale dont elle souffre. (photo APF France Handicap/Centre d’action médico-sociale précoce)

Les parents d’Ema sont arrivés en France en 2017 pour que leur fillette âgée de 4 ans puisse bénéficier de soins adaptés à son handicap. Aujourd’hui, la famille est menacée d’expulsion. Une pétition vient d’être lancée.

Ema, 4 ans, souffre de tétraparésie. « Une infirmité motrice d’origine cérébrale », explique Eurydice Magneron, directrice du Camsp (Centre d’action médico-sociale précoce), au Technopôle de Metz. « Elle n’est pas suffisamment tonique pour tenir l’axe de son corps. Ses jambes et ses mains sont d’une raideur extrême. Elle a besoin d’appareillage pour se déplacer. »

Ema est arrivée en France en juillet 2017. Ses parents ont quitté l’Albanie pour qu’elle puisse se faire soigner. Elle a été prise en charge par l’équipe du Camsp en août de la même année. « Quand elle est arrivée, elle présentait une spasticité majeure avec une attitude spontanée de jambes croisées et très peu de motricité spontanée, décrit Bénédicte François, neuropédiatre. Un tel tableau est rarement observé en France du fait d’une prise en charge précoce en rééducation. Depuis son arrivée chez nous, Ema a beaucoup progressé. »

« Son état va se dégrader »

Aujourd’hui, les soignants sont très inquiets. La famille n’a pas obtenu l’autorisation de rester en France. Elle vient de recevoir une lettre l’obligeant à quitter le territoire dans les trente jours. « Si elle repart, elle est condamnée à rester prisonnière de son corps. On la renvoie au mépris de sa santé », s’indigne Eurydice Magneron. « Son état va se dégrader, appuie la neuropédiatre. On ne peut préjuger de ce qui se passe en Albanie, mais lorsqu’elle est arrivée en France, elle était très mal. Cette petite fille a les possibilités de se développer. Nous pouvons lui en donner les moyens. »
Les espoirs

« À Metz, elle a pu bénéficier d’une rééducation comportant kinésithérapie motrice, psychomotricité, ergothérapie… De l’appareillage et de soins adaptés », insiste le médecin. Soulagée de ses douleurs, la petite fille a pu enfin développer des « compétences cognitives. Elle commence à parler, trier des cartes, faire des choix… », apprécie la directrice du Camsp.

Toute l’équipe s’est mobilisée pour tenter de maintenir cette famille sur le territoire. Elle a saisi le défenseur des droits de l’enfant, adressé un courrier à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Tous les espoirs de l’équipe reposent sur des réponses à ces courriers. Une pétition vient également d’être lancée en ligne.

Anne Rimlinger-Pignon (Le Républicain Lorrain)