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[Expo] On prend la pause au Cercle Cité !


Florence Doléac offre au Cercle Cité de vrais temps de pause. (photo DR)

Entre art et design, l’œuvre de Florence Doléac jouit d’une première rétrospective au Cercle Cité, jusqu’au 4 novembre. Le résultat ? Un enthousiasmant patchwork qui invite à «prendre son temps».

« Et si l’on faisait les choses autrement ? » La question de Florence Doléac pourrait, à elle seule, résumer son travail – ou ses «obsessions qui se perpétuent» comme elle le définit – qui s’étale depuis une vingtaine d’années. C’est grâce à l’initiative de la commissaire Keren Detton, directrice du FRAC «Grand Large – Hauts-de-France», que l’on en sait un peu plus sur ses manies, en l’occurrence un intérêt certain pour les sciences, la psychologie et la coopération, le tout abordé sous un angle décalé, humoristique, lyrique.

L’exposition «Minute papillon» témoigne bien de ce vent frais qu’a apporté l’artiste au design, souvent trop sérieux. Comme il est question ici de rétrospective, on découvre ses premiers élans dans les Radi Designers (1993-2003), collectif qu’elle quitte pour se lancer seule et échapper aux contraintes liées à la production industrielle. Bon, l’isolement n’est pas, à proprement parler, ce qui caractérise le mieux Florence Doléac. Pour preuve, son projet «XXL» toujours en cours de développement : «Maxidreams».

L’idée est gargantuesque : installer des lits dans des parcs du monde entier en vue de former une colonie internationale de rêveurs connectés, qui, à travers une application («elle devrait être fonctionnelle à la fin de l’année»), l’appui de spécialistes du sommeil et une imposante banque de données, devrait constituer une «nébuleuse» des songes.

Arrêter le cours du temps

Inspirée par l’écrivain Maurice Sendak dans son livre Max et les maximonstres (1963), elle a réalisé, comme prélude à son gigantesque Airbnb «libre et freak», la «Chambre des rêves», fait d’un lit en osier aux pieds en palmier entouré d’un voilage rappelant des objets créés par la designer. Le drap qui le couvre a été tricoté par sa voisine Simone, 87 ans, prouvant la philosophie de l’artiste : «Ce que j’aime, c’est participer à la construction d’un imaginaire collectif.» Ainsi, ses créations n’ont pas de sens en série, mais s’articulent autour de différents concepts – ou envies, comme l’inutilité, l’éphémère, le divertissement, la fantaisie, et cette philosophie de vie chevillée au corps : arrêter le cours du temps.

Dans une plongée non chronologique de son travail, on passe de luminaires masqués à un semainier de sept polochons, qui attend patiemment, sur des patères murales, une éventuelle bataille, sans oublier bien d’autres singularités : un kit qui transforme les tâches ménagères en un défi sportif fantaisiste (Pom Pom Dust), un calendrier d’un nouveau genre (Trou de mémoire) et des productions africaines, à voir comme autant de mirages (Bamako).

Mieux, au vu de son intérêt persistant pour les formes molles et les postures régressives, Florence Doléac offre au Cercle Cité de vrais temps de pause : sur des sacs-poubelles testés par Michel Houellebecq «himself» (Garbage Saloon), sur de grosses boules de billard «dégonflées» (Saloon vert) ou encore sur des matelas cylindriques, tout en écoutant une bande-son «comico-soporifique» (Floating Minds). De quoi, en effet, alléger une réalité excessivement bridée.

Grégory Cimatti