Les producteurs laitiers canadiens ont vivement dénoncé lundi le nouvel accord commercial continental conclu dimanche soir entre le Canada, les États-Unis et le Mexique, qui ouvre un peu plus leur secteur à la concurrence étrangère.
Sans abandonner son système dit de « gestion de l’offre », qui limite la production de lait, de volaille et d’œufs pour assurer des revenus stables aux producteurs, le Canada a concédé une plus grande part de son marché à ses concurrents américains. « L’attribution d’un accès additionnel de l’ordre de 3,59% à notre marché laitier domestique, l’élimination de classes laitières compétitives et les mesures extraordinaires qui limiteront notre capacité d’exporter des produits laitiers auront un impact énorme non seulement pour les producteurs laitiers, mais pour tout le secteur », a dit Pierre Lampron, président de l’Association représentant les producteurs canadiens.
« Notre gouvernement nous avait pourtant assuré qu’il ne signerait pas un accord qui serait mauvais pour les Canadiennes et Canadiens. Or, nous ne voyons pas comment cet accord peut être bon pour les 220 000 familles canadiennes qui dépendent de l’industrie laitière pour gagner leur vie », a-t-il souligné dans un communiqué. Le Québec, où se tiennent lundi des élections législatives, et la province voisine de l’Ontario assurent l’essentiel de la production laitière canadienne.
Accord « magnifique », selon Trump
Le Canada et les États-Unis se sont entendus dans la nuit de dimanche à lundi sur un nouvel accord, baptisé AEUMC pour remplacer un traité de libre-échange crucial qui lie leurs économies et celle du Mexique depuis 1994. « Les producteurs laitiers ne sont pas contents, mais je ne pense pas que l’on pouvait ignorer Trump lorsqu’il en a fait sa demande clé » dans ces négociations, a estimé Jon Johnson, l’un des négociateurs canadiens de l’Accord de libre-échange nord-américain de 1994 sur la chaîne CBC.
En échange d’un meilleur accès au marché laitier canadien, Washington a accepté de maintenir tel quel le mécanisme de règlement des différends auquel les Canadiens tenaient beaucoup. Washington et Mexico s’étaient entendus sur les termes d’un nouveau traité commercial fin août, ce qui avait accru la pression sur les épaules du Premier ministre Justin Trudeau. Le chef de gouvernement libéral jouait gros un an avant des élections législatives incertaines.
De son côté, Donald Trump devait donner une conférence de presse sur cet accord commercial, a-t-il annoncé lundi sur Twitter. Cet accord, arraché à la dernière minute, va remplacer le traité de libre-échange crucial pour les économies des trois pays, l’Aléna, vieux de près de 25 ans. Un peu plus tôt lundi matin, Trump avait qualifié le nouvel accord de « magnifique ».
Late last night, our deadline, we reached a wonderful new Trade Deal with Canada, to be added into the deal already reached with Mexico. The new name will be The United States Mexico Canada Agreement, or USMCA. It is a great deal for all three countries, solves the many……
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 1 octobre 2018
LQ/AFP