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Dieselgate : moteur… actionnaires !

Le dieselgate, c’est LE feuilleton judiciaire des dernières années. Un bon gros blockbuster avec un acteur principal, Volkswagen, qui ne nous avait pourtant pas habitués à ce genre de navet.
Petit rappel de ce scénario mal huilé : en 2015, on apprend que VW a équipé 11 millions de ses voitures diesels d’un logiciel faussant les tests antipollution, et permettant des émissions dépassant jusqu’à 40 fois les normes autorisées.
Depuis ce scandale, tout le monde sait qu’il y a quelque chose qui pue au royaume de l’auto. Car si VW a eu le premier rôle, d’autres marques, visées aussi par des enquêtes, auraient pu lui voler la vedette. En même temps, on veut des voitures de plus en plus grosses, mais qui polluent moins… et on s’étonne ensuite que les constructeurs se font prendre le doigt dans le pot d’échappement?
Rejeter uniquement la faute sur VW et consorts, c’est comme l’option Park Assist : c’est un peu trop facile. La responsabilité est partagée, depuis le consommateur qui n’a d’yeux que pour les gros SUV, jusqu’aux pouvoirs publics qui se sont étonnamment laissés duper par l’industrie automobile.
On espérait donc voir la justice démarrer en trombe pour sanctionner cet enfumage… Mais depuis 2015, force est de constater qu’elle roule plutôt au ralenti. Sauf aux États-Unis, où elle est toujours prompte à dégainer son glaive. VW a dû lâcher 22 milliards de dollars pour dédommager autorités, clients et concessionnaires américains.
En Europe, VW a pour l’instant «accepté» de payer un milliard d’euros en Allemagne pour mettre fin aux procédures administratives contre elle. Ailleurs, comme chez nous, on attend toujours.
Et voilà qu’on nous annonce à la mi-septembre que le premier procès majeur débute contre VW. Un recours collectif tant attendu? L’Europe qui se réveille? Non, seulement des milliers d’actionnaires qui réclament 9 milliards à VW, qu’ils accusent d’avoir informé trop tard des conséquences des moteurs truqués. On les comprend : s’ils avaient appris le scandale avant tout le monde, ils auraient pu spécul… pardon, alerter.

Romain Van Dyck