Douze foyers messins ont décidé de vivre un mois sans leur voiture. Entre satisfactions et galères, ils racontent leur première semaine de désintoxication.
Son bus pour la gare est arrivé en retard et Éric a raté son train pour Faulquemont, à 55 km de Metz. Dommage. C’était la première journée de travail sans sa voiture de ce cadre de 47 ans. « Ma femme, qui a conservé son véhicule, m’a emmené », sourit celui qui évoque la faute à pas de chance : « Cela ne m’est plus arrivé depuis. »
Ce Messin fait partie des douze volontaires participant à l’opération « Un mois sans ma voiture » , organisée par Metz Métropole. Tous ont déposé leur véhicule dans un parking le 14 septembre. En s’engageant à ne plus y toucher jusqu’au 14 octobre. En échange, un kit mobilité leur a été remis afin de tester gratuitement diverses offres de transport doux (lire ci-contre).
Manque d’autonomie
« Ce n’est pas simple mais je suis motivé. Si je peux aller travailler sans voiture à 60 km de mon domicile avec mes horaires de cadre, c’est que beaucoup peuvent le faire et qu’on pourra à terme se séparer d’un de nos deux véhicules », estime Éric.
Un moyen de locomotion qu’il découvre pour effectuer les 6 km qui le séparent de son travail : « C’est du transport scolaire ! Il n’y a que des jeunes et une grande promiscuité. » Le week-end dernier, pour un déjeuner à dix kilomètres de Metz, il a demandé à des amis de passer le prendre : « Avec ma voiture, cela m’aurait pris 12 mn d’y aller. J’ai étudié la possibilité de m’y rendre en train mais il y en avait pour la journée ! Mes codes pour louer un véhicule ou un vélo n’étant pas encore activés, j’ai dû dépendre de quelqu’un. » Amener son fils de 14 ans à ses activités préférées (lac de Madine, cinéma ou guitare dans des zones périphériques), lui paraît pour l’heure insurmontable : « On va revoir nos ambitions à la baisse. Il paraît que la première semaine est la plus difficile. Mais je me demande si je vais m’habituer. »
Anne, fonctionnaire, la quarantaine, se plaît pour l’heure à ne se déplacer qu’à vélo : « Mais j’appréhende l’arrivée de la pluie. » Même si son foyer a conservé un de ses deux véhicules, elle s’avoue bousculée dans ses habitudes : « On fait le point avec mon mari tous les soirs pour l’organisation du lendemain. Au début, il avait accepté d’amener à une activité sportive plusieurs enfants, en oubliant qu’il n’avait pas la voiture. »
Mélanie, 37 ans, enseignante, ne ressent pas « de manque particulier ». Conduire a toujours constitué pour elle une source de stress. « Je mets deux fois plus de temps à aller au travail en bus, mais j’y arrive plus détendue. » La jeune femme fait désormais ses courses dans son quartier. Quand elle a voulu utiliser un vélo en free floating, elle en a trouvé un dans sa rue. Et des amis sont passés la prendre pour aller manger le week-end dernier à une vingtaine de kilomètres : « J’étais sur leur chemin. » Si son expérience s’avère concluante jusqu’au bout, elle revendra sa voiture : « Cela me fera économiser 600 € d’assurance par an et 50 € d’essence tous les deux mois. »
Philippe Marque (Le Républicain Lorrain).