Un ancien pharmacien du CH Maillot de Briey était poursuivi mardi pour violences et harcèlement sexuel. Une jeune cadre de santé affirme s’être soumise à ses pratiques sadomasochistes pour continuer à travailler au sein de l’hôpital.
« Des fois, on utilisait un fouet. Mais ce n’était pas du sadomasochisme : il n’y avait pas de douleurs. C’était plus de la mise en scène… » Confessions intimes à la barre. Le tribunal se plonge comme rarement dans la vie privée du prévenu. Un ancien pharmacien de l’hôpital Maillot qui avait une liaison, plutôt hot, avec une jeune cadre de santé.
Le souci, c’est que Karim était le supérieur d’Anne (prénom changé). Ce quinquagénaire aurait abusé de sa position pour la mettre dans son lit. Mais pas que, puisque les amants avaient aussi des rapports dans les sous-sols de l’hôpital. La romance démarre à l’automne 2010 puis dérape avec des pratiques sexuelles de plus en plus déviantes. Anne l’affirme dans le prétoire : si elle n’obéissait pas à ses moindres désirs, il pouvait mettre fin d’un claquement de doigts à son avenir.
Humiliée si elle n’allait pas à la cave
La jeune diplômée était également rabaissée par Karim devant les autres agents du service. « Si elle ne descendait pas avec vous à la cave (de l’hôpital), vous l’humiliez en public. Si elle vous accompagnait, vous remontiez 20 minutes après tout sourire et étiez aux petits soins pour elle », s’enflamme l’avocate de la partie civile. On assiste d’ailleurs à des échanges épicés entre les avocats de la plaignante et du prévenu. Lequel se défend d’avoir été le responsable hiérarchique d’Anne. « On avait une cadre de santé supérieure au-dessus de nous. »
Karim dit aussi que c’est Anne qui lui imposait ces pratiques déviantes et dégradantes. « C’est elle qui me harcelait. » Problème pour le prévenu : quand la jeune femme a libéré sa parole, on a diagnostiqué des violences physiques et un traumatisme psychologique. Résultat : une ITT de… 365 jours !
Il y a aussi le témoignage, édifiant, d’une ex-compagne à la barre : « J’étais sa chienne. Je devais marcher à quatre pattes. J’avais un collier, il avait une laisse. Je devais manger dans la gamelle. J’ai accepté par amour, j’avais peur de le perdre. » Cette quadra est au bord des larmes. Des années après, elle suit encore une thérapie. « J’étais totalement sous son emprise. »
Un contrat maître/chienne
Anne, qui a perdu 10 kg, se reconnaît dans ce portrait, elle qui avait dû signer un contrat de « maître/chienne ». Un peu comme dans Cinquante nuances de Grey. « J’étais dans une totale dépendance, je lui disais ce qu’il avait envie d’entendre. Quand il me disait qu’il était content et qu’il allait me soutenir dans mon travail, c’était pour moi une bouffée d’oxygène. » Karim continue de contester.
Mais Me Laurence Mariani, l’avocate de Maillot, rappelle que l’intéressé a été licencié puis radié de la fonction publique. Elle aussi demande des dommages et intérêts, le centre hospitalier ayant été placé dans de sales draps, en termes d’image, avec cette histoire. Vu le casier vierge du prévenu, le parquet demande huit mois de prison avec sursis. L’avocat de Karim affirme que la partie adverse était consentante. « La preuve avec ce contrat : c’est elle qui l’a tapé, sur son ordinateur. » Il ajoute que les photos et SMS scabreux étaient envoyés de part et d’autre. « Et surtout, pour une femme traumatisée, elle s’est vite remise en couple. Elle a même eu un enfant. » L’avocat messin plaide la relaxe. La justice tranchera le 25 septembre.
Grégory Ingelbert (Le Républicain Lorrain)