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La horde de Chemnitz

Samedi, un Allemand de 35 ans a été poignardé à mort après une altercation verbale avec un Irakien et un Syrien sur le site d’une fête populaire à Chemnitz. Les deux suspects ont été arrêtés, un troisième est toujours recherché.

La nouvelle a mis le feu aux poudres dans cette ville de l’est de l’Allemagne. Dimanche, des scènes terribles de chasse aux étrangers ont eu lieu dans la ville en marge des manifestations «spontanées» réglées au millimètre par la mouvance d’extrême droite. Les vidéos de ces violences ont inondé les réseaux sociaux. Le lendemain, une nouvelle manifestation avait lieu et se soldait par de nouveaux affrontements. Plus de 2 000 personnes, dont beaucoup de crânes rasés, ont demandé justice et des comptes à la chancelière allemande. Parmi eux, certains n’ont pas hésité à faire le signe nazi, l’air goguenard, devant des forces de l’ordre dépassées. Impunité totale pour ces personnes qui semblaient, lundi soir, ravies de pouvoir revenir sur le devant de la scène politique allemande.

Mobilisés au cœur de ces rassemblements haineux, le mouvement anti-islam Pegida et le parti d’extrême droite Alternativ für Deutschland (AfD) comptent utiliser cette violence verbale (et de rue) pour faire pression sur la chancelière Merkel vilipendée pour sa politique migratoire. Un grand rassemblement est encore prévu demain, toujours à Chemnitz. Il se déroulera sous haute tension.

On savait l’Allemagne très divisée à cause de la crise des réfugiés. Mais cette problématique a aujourd’hui réveillé les vieux démons de nos voisins avec la complicité de mouvements politiques xénophobes légaux, heureux de trouver à leurs côtés une cohorte de nostalgiques du Troisième Reich prêts à semer la terreur dans les rues.

Mais ces vieux démons étaient-ils totalement endormis pendant toutes ces décennies ? Alors que le Grand-Duché commémore aujourd’hui la Grande Grève de 1942 lors de l’occupation nazie, il est temps que l’État allemand fasse taire cette horde prête à répandre sa haine et sa violence… et pas uniquement en Allemagne.

Laurent Duraisin