Flavia Coelho a été le coup de cœur de ce MeYouZik. Rencontre en backstage après son superbe concert.
Vous avez déjà joué à Esch-sur-Alzette en début d’année, mais la plupart des festivaliers vous ont probablement découverte mardi soir. Racontez-nous votre parcours.
Flavia Coelho : Je suis née à Rio de Janeiro au Brésil. J’ai commencé à faire de la musique à l’âge de 14 ans et je suis depuis passée par des dizaines de groupes et plusieurs genres de musiques différents : musiques traditionnelles brésiliennes : samba, bossa-nova… mais aussi jazz, R’nB, hip-hop, reggae, ragga, funk, etc. jusqu’à l’âge de 26 ans quand j’ai décidé de prendre mon sac à dos pour grandir en tant que femme et en tant que musicienne.
Direction Paris donc. Pourquoi ce choix ?
Parce que j’étais tombée amoureuse de cette ville quand j’étais venue jouer avec un de mes groupes. Et puis, parce qu’une bonne partie de mes idoles y ont vécu à un moment de leur vie : Salif Keita, Youssou N’Dour, Miles Davis, Marcus Miller, mais aussi des peintres, des écrivains… En plus, Paris est une ville très métissée, avec des gens qui viennent du monde entier, dont les Caraïbes et l’Afrique, ce qui pour moi était important dans la recherche de mes origines et dans ma recherche musicale.
C’est là qu’est né ce mariage entre la musique traditionnelle brésilienne et le jazz, le reggae, le hip-hop, l’electro, etc. ?
Bien sûr. Je n’aurais jamais pu faire la musique que je fais aujourd’hui, si j’étais restée au Brésil. Ici j’ai réussi à redécouvrir la musique que j’ai écoutée toute ma vie, parce qu’au Brésil, dans les quartiers, les favelas, d’où je viens, on n’écoute pas que de la bossa-nova : on écoute aussi du reggae, du ragga, du hip-hop, entre autres.
Dans vos chansons vous chantez le bonheur, l’espoir, avec des rythmes très dansants. C’est une sorte de revanche sur ces favelas ?
Il y a un peu de ça. Dans mes textes, je parle beaucoup de la dure vie des quartiers brésiliens, mais en évitant que ce soit plombant. Ce n’est pas parce que la vie est dure qu’on ne va pas s’en sortir. Je me dis qu’il y a toujours des solutions. C’est en tout cas, ma manière de voir les choses. En Afrique comme en Amérique du Sud, on raconte les malheurs des peuples, mais avec des rythmes entraînants : dans du coupé-décalé, du funana – comme Bitori, un monstre sacré en ce moment sur scène. Il faut danser, c’est la seule chose qui n’est pas encore payante dans ce monde (elle rit).
Vous avez chanté dans le métro, comme Keziah Jones, remporté le tremplin Génération Réservoir, comme Zaz, ça y est, vous êtes en train de décoller ?
Je garde les pieds sur terre, mais je ne m’accroche pas trop pour continuer à m’envoler.
En tout cas, vous avez embarqué le public grand-ducal comme il se laisse rarement entraîner.
C’est vrai ? Tant mieux. Le contact s’est fait tout de suite. Je leur ai proposé ma musique et je leur ai demandé de m’accompagner, de danser, simplement, ils ont suivi et ils ont kiffé. Je travaille sur un nouvel album pour l’an prochain, ça veut dire qu’il va falloir que je revienne pour vous refaire danser.
Toujours en portugais ?
Oui, j’ai fait l’une ou l’autre chanson en français, mais j’ai encore beaucoup de choses à dire en portugais.
Entretien et vidéos réalisés par Pablo Chimienti