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Pour sortir Tesla de la Bourse, Elon Musk s’en remet aux Saoudiens


Elon Musk s'en remet principalement au fonds souverain saoudien pour financer le retrait de Tesla de la Bourse. (Photo : AFP)

Elon Musk, l’emblématique PDG de Tesla, a révélé lundi qu’il menait des discussions avec le fonds souverain saoudien (PIF) dans l’espoir de dissiper les doutes sur le financement d’un retrait de la Bourse du groupe automobile annoncé inopinément il y a six jours sur Twitter.

Dans un post de blog, Elon Musk se lance dans une explication de texte sur ses tweets, qui ont semé le trouble sur l’avenir du constructeur de véhicules électriques haut de gamme, notamment l’annonce qu’il avait « sécurisé » le financement nécessaire pour un retrait de la cote.

Le milliardaire sud-africain de 47 ans avait indiqué mardi que l’opération se ferait au prix de 420 dollars par titre, valorisant Tesla à plus de 71 milliards de dollars, contre près de 61 milliards actuellement. Dans l’hypothèse où il garderait sa participation de 20%, il faudrait environ 50 milliards pour finaliser la transaction, calculent des banquiers mais le coût pourrait être moindre si de grands actionnaires décidaient de ne pas céder leurs parts.

Fonds souverain saoudien

Elon Musk a assuré lundi que « deux-tiers » des actionnaires allaient garder leur participation et qu’il discutait également avec d’autres investisseurs. Il ajoute que c’est le fonds public saoudien (PIF), qui lui a suggéré il y a « presque deux ans » de sortir Tesla de la Bourse et raconte avoir eu une série de rencontres, dont la première remonte à début 2017, avec des dirigeants de PIF. « Bien évidemment, le fonds souverain saoudien a plus que les fonds nécessaires pour effectuer une telle transaction », écrit le PDG de Tesla.

Lors d’une dernière rencontre le 31 juillet, le gérant de PIF, dont il ne dévoile pas l’identité, « a exprimé vigoureusement son soutien pour financer un retrait de la cote de Tesla », assure encore Elon Musk, qui a transformé la voiture en un bijou technologique « propre » avec Tesla, fondé en 2003. « J’ai quitté la réunion du 31 juillet sans aucun doute qu’un accord avec le fonds souverain saoudien allait se conclure et que ce n’était qu’une question de procédure. C’est pourquoi j’ai parlé de « financement sécurisé » dans mon annonce du 7 août », conclut-il.

Elon Musk révèle également que le fonds saoudien, qui cherche à trouver d’autres sources de revenus que les hydrocarbures, a acquis récemment une participation au capital de Tesla, qui s’élève à environ 5%.

« Un environnement serein et moins volatil »

Ces explications suffiront-elles à dissiper les doutes des investisseurs ? Le titre bougeait peu à Wall Street, oscillant entre le vert et le rouge. La SEC, le gendarme de la Bourse, a ouvert une enquête sur la véracité des affirmations du PDG de Tesla, qui a insisté, dans un courriel aux salariés, sur le fait que la décision finale sera prise par les actionnaires.

Kalman Isaacs et William Chamberlain, deux financiers ayant spéculé sur la chute boursière de Tesla, ont porté plainte vendredi, accusant Elon Musk et Tesla d’avoir gonflé « artificiellement » le cours de l’action. Le patron du groupe n’a jamais caché son aversion pour les spéculateurs, moqués régulièrement sur son compte Twitter. Il explique que retirer Tesla de la Bourse est dû au fait qu’il voudrait que l’entreprise puisse travailler dans un environnement serein et moins volatil. Les entreprises cotées doivent publier leurs résultats tous les trimestres notamment, de bons chiffres donnant un coup de fouet à l’action, de mauvais l’affectant.

Dans le cas de Tesla, qui n’a jamais dégagé de bénéfice sur une année entière en quinze ans d’existence, les retards de production du Model 3, censé transformer le groupe en un constructeur automobile de masse, sont devenus un boulet boursier, d’autant que la société brûle environ un milliard de dollars par trimestre.

Elon Musk a par ailleurs levé le voile lundi sur la nature du montage financier privilégié par Tesla en cas de sortie de la Bourse, assurant que l’entreprise ne prévoyait pas de s’endetter massivement comme c’est la coutume pour ce type d’opérations. « La plupart des capitaux requis pour le retrait de la cote viendra des prises de participations plutôt que de la dette, c’est-à-dire que ce ne sera pas un montage classique de rachat par effet de levier auquel ont recours généralement les entreprises quand elles quittent la Bourse. Je ne pense pas que ce serait sage d’alourdir le fardeau de Tesla en augmentant de façon importante sa dette ».

Le Quotidien/AFP