Immobilier : aller plus haut?

Comment continuer à construire dans un pays qui ne sait déjà plus où loger ses nouveaux habitants? Il n’y a pas que le Luxembourg qui se pose cette question. La Suisse, un autre petit pays, s’est aussi vite rendu compte que déplacer le problème en banlieue, en milieu rural ou encore chez les voisins n’était pas la panacée : saturation des réseaux routiers, travailleurs qui s’épuisent chaque jour dans les transports, pollution, surcoûts en infrastructures, etc.
Alors, depuis quelques années, la Suisse voit plus haut. On observe un retour de la population vers les villes, grâce à la densification urbaine. Un mot qui fait peur : on a tous en tête ces mégapoles asiatiques où des gens s’entassent dans des tours sans âme… Mais avant d’arriver à de telles extrémités – ce qui est peu probable au Luxembourg – il est pourtant évident qu’une densification mesurée permettrait de combattre les effets pervers de l’habitat extra-urbain.
Mais comment densifier le paysage urbain lorsqu’on sait que 92 % de la réserve foncière du Luxembourg est entre des mains privées?
Il y a quelques jours, lors d’un reportage à Troisvierges, une petite société de construction de maison en bois nous a donné un élément de réponse : la surélévation. Cela consiste à élever sa maison ou sa toiture d’un ou plusieurs niveaux. Au Luxembourg, où chaque mètre carré vaut une fortune, on comprend vite pourquoi notre constructeur de maisons en bois – un matériau idéal pour la surélévation car plus léger que le béton – mise sur la construction en hauteur plutôt qu’en largeur. Cela permet par exemple de créer un ou deux appartements supplémentaires, ce qui peut être vite lucratif au Luxembourg. Ou encore de permettre des maisons «transgénérationnelles», où plusieurs membres d’une famille se réunissent sous le même toit, en gardant une certaine indépendance à chaque étage, mais en jouissant des avantages : les enfants font les courses pour les grands-parents, qui gardent les derniers-nés… Pourquoi pas? En Suisse, l’idée fait des émules. Mais au Luxembourg, où on reste très attaché à la propriété privée, qui est prêt à transformer sa maison en immeuble?