Trois boutiques de produits à base de CBD viennent d’ouvrir alors que le flou juridique persiste.
Les boutiques de cannabis légal font l’actualité de l’été. Plébiscitées par un large public, elles sont aussi dans le collimateur du gouvernement. C’est dans ce contexte que trois commerces de produits à base de CBD ouvrent à Thionville et Sierck.
Une boutique d’un blanc immaculé tout ce qu’il y a de plus sobre a ouvert lundi rue Brûlée à Thionville. Sur les quelques étagères, on trouve des bougies, des infusions, des tablettes de chocolat. Dans une vitrine fermée à clé, il y a aussi de petites fioles contenant de l’huile et des boîtes minuscules remplies de cristaux destinés à être infusés. Tous ces produits ont un point commun : ils contiennent du cannabidiol (CBD), un composant du cannabis dont la vente en France est à ce jour dans le brouillard juridique le plus total. Ni autorisée ni interdite. En attendant, les néoentrepreneurs surfent sur le concept.
Pierre, 30 ans, réfléchit à son nouveau business depuis plus de six mois. Son commerce thionvillois s’inscrit dans la lignée de la centaine d’autres qui ont fleuri ces derniers mois en France. Il y a mis beaucoup d’énergie et investi suffisamment d’économies pour en attendre un petit retour sur investissement. «Ce que je fais est légal : le CBD, ça n’est pas du tout la même chose que le THC qui vous fait planer. On précise bien que les produits doivent se consommer en infusion et ne surtout pas être fumés.»
Le jeune commerçant assure toucher une clientèle très large. En raison des vertus apaisantes et relaxantes du CBD, il dit être approché par «des personnes souffrant de douleurs; des gens atteints de cancers. Je vois aussi passer des personnes qui justement sont en train de décrocher du cannabis et qui cherchent une alternative sans effet psychotrope».
Retraite ou rébellion…
À l’autre bout de la ville, une autre boutique propose des produits à base de CBD depuis quelques semaines. Elle est déjà en train de plier bagages. Non pas que la clientèle ne soit pas au rendez-vous, loin de là, mais la pression mise par les autorités depuis une dizaine de jours – boutiques frappées de fermeture administrative, gérants placés en garde à vue dans les grandes villes – suffit à semer le doute. «Je ne veux pas d’ennuis», plaide simplement le jeune gérant qui préfère jouer profil bas.
À Sierck-les-Bains, Christophe Kolerski est dans une tout autre dynamique : le fondateur du Comptoir du chanvre, un site marchand et d’information sur le sujet, a ouvert un point de vente physique vendredi. Il ne décolère pas face à l’attitude des autorités qui ont fait fermer divers commerces. Il juge cela abusif et promet de ne pas se laisser faire en cas de problème.
Chrystelle Folny (Le Républicain lorrain)