« Les frontaliers coûtent cher aux systèmes sociaux luxembourgeois, caisse de maladie, caisse de pensions, etc. » ? Cette affirmation très «café du commerce» tient en réalité de la légende urbaine, plutôt malveillante et est sans rapport avec la réalité des chiffres. Comme ceux publiés jeudi par le Statec.
Selon les données publiées jeudi par le Statec, «en 2017, le Luxembourg a payé 10,6 milliards d’euros aux travailleurs» frontaliers, allemands, belges et français. Ces revenus ont généré des cotisations sociales dont le montant «dépasse les prestations sociales payées aux non-résidents de 183 millions euros», indique l’institut de statistiques. En clair : ces 183 millions d’euros représentent la différence entre les cotisations perçues des travailleurs frontaliers au bénéfice du Luxembourg, et les remboursements effectués directement auprès des caisses de sécurité sociale des pays voisins.
Quant aux pensionnés, le Statec constate que «le nombre de frontaliers retraités est encore relativement faible par rapport à celui des frontaliers actifs». Les frontaliers des trois pays «rapportent» donc aujourd’hui plus d’argent aux caisses de pension qu’ils ne leur en coûtent.
D’autres dossiers où le frontalier rapporte
Les cotisations sociales ne sont pas la seule ligne financière qui rapporte dans le dossier des frontaliers. Notons aussi que les frontaliers, en payant tout leur impôt sur le revenu au Luxembourg mais en retournant vivre (et donc profiter des infrastructures publiques) dans un autre pays le soir, sont autant de « résidents » à charge en moins. À la grande exception des transports, sur de nombreux points, avec leur impôt sur le revenu, ils payent pour des infrastructures dont ils n’ont pas l’utilité (écoles, vie culturelle, ramassage des ordures etc.). Si le Luxembourg devait accueillir tous les travailleurs qui participent au développement, il faudrait presque doubler le budget d’investissement des communes ! (plus de 45% des actifs du pays sont frontaliers) Des sommes colossales sont économisées, puisque l’état consacre déjà 1,8 milliard d’euros par an au budget des communes.
Notons enfin que les frontaliers cotisent pour l’assurance chômage au Luxembourg, alors que ce sont bien les états voisins qui prennent en charge la majeure partie de leur chômage. Encore une fois c’est une ligne gagnante. Sur ce dernier point, toutefois, l’Union Européenne va changer les règles : dès 2020, a priori, le Luxembourg devra rembourser les états voisins pour une plus large partie du chômage des travailleurs frontaliers (60%), avec une prise en charge complète à moyens termes.
Le Quotidien