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Coup de chaud entre Bausch et Schmit


Le ministre de Travail Nicolas Schmit s'étonne de la non-réparation d'une route dans le Mullerthal, et provoque la vexation de son homologue des transports. (photo archives LQ / I.Finzi)

C’est l’histoire d’un ministre du Travail (N. Schmit) qui pousse un coup de gueule sur Facebook et qui se fait remettre à sa place par son collègue sur le site officiel du gouvernement. Tout va bien.

Incroyable ce qu’une route défoncée peut entraîner comme réactions. Il y a d’abord eu celle du ministre socialiste du Travail, Nicolas Schmit, tête de liste dans l’Est, qui, visiblement excédé, a posté sur les réseaux sociaux des photos montrant un tronçon de route affaissé à la suite des fortes inondations dans le Mullerthal en juin dernier. Il s’agit du CR364 entre Berdorf et Echternach, un itinéraire qu’emprunte le ministre pour regagner son domicile.
Ou du moins qu’il empruntait puisque la route est barrée et oblige les automobilistes à prendre des déviations inconfortables. Le problème, c’est que rien ne s’est passé depuis juin. Rien de visible en tout cas et Nicolas Schmit s’est fait le porte-parole des habitants du secteur qui se sentent oubliés par les pouvoirs publics. Le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch (déi gréng), directement visé par le commentaire de son collègue du gouvernement, a réagi par un communiqué diffusé sur le site officiel du gouvernement.
Le ministre écolo ne se contente pas de livrer des informations sur l’avancée des travaux pour remettre le Mullerthal en état, études et financements compris, mais encore livre-t-il son sentiment personnel. Il se dit «surpris et déçu» de la sortie de Nicolas Schmit sur les réseaux sociaux et l’accuse même de vouloir mener campagne en profitant de la misère des gens qui vivent au quotidien les conséquences de ces terribles inondations.

En luxembourgeois dans le texte

La campagne déborde sur le site du gouvernement et en luxembourgeois dans le texte, ce qui est peu commun. Le ministre du Travail pourrait tout autant balancer un communiqué sur ce même site et on obtiendrait cet étrange mélange des genres entre Facebook et la communication officielle du gouvernement. Tout est déjà embrouillé, comme en témoigne l’annonce d’Étienne Schneider (LSAP) sur les réseaux sociaux concernant la prochaine tranche indiciaire.
Le commentaire de Nicolas Schmit et la réaction qu’il a suscitée n’a pas échappé aux médias. Le Luxemburger Wort présidé par le chrétien-social Luc Frieden, ennemi juré de Nicolas Schmit, a jugé le post «populiste» et s’est moqué des fautes d’orthographe commises par «cet ancien haut diplomate», visiblement peu habitué à écrire en luxembourgeois.

Un an de travaux
Nicolas Schmit, de son côté, n’a pas grand-chose à ajouter aux remarques qu’il a déjà formulées. «Mes concitoyens de Berdorf sont remontés parce que sur le terrain rien ne s’est passé deux mois après la catastrophe. Dire que cela va prendre une année n’est pas très rassurant. Les détours que les gens doivent faire ne sont pas faciles et pèsent sur la qualité de vie et les activités notamment touristiques», a déclaré le ministre du Travail.
Les travaux, tels qu’annoncés par François Bausch, devraient prendre une année et débuter après les congés collectifs dès la rentrée. Des études ont été nécessaires pour assurer la sécurité des automobilistes et des travaux de consolidation seront nécessaires avec la construction d’un mur. Le ministre du Développement durable et des Infrastructures indique que les travaux sont commandés et que la route sera remise en état pour 4,3 millions d’euros.

Schmit : « si on mettait les moyens »…
Le ministre Bausch apporte la preuve que son administration ne s’est pas tourné les pouces depuis deux mois. «Ce que je demande c’est de la transparence et des actes concrets. J’ai aussi consulté des experts qui, pour la route Berdorf-Echternach, m’ont tous confirmé que si on mettait les moyens, elle pourrait être réparée avant l’hiver, ce qui, à défaut, compliquerait encore la situation, par exemple pour les lycéens», confie Nicolas Schmit.
Mais pourquoi ce coup de sang sur Facebook? «Les habitants de la région m’abordent sur ces questions et j’ai tenu à secouer un peu le cocotier, répond le ministre du Travail. J’ai eu une petite satisfaction. Maintenant, j’attends les actes dès le mois de septembre, d’autant plus que j’avais réclamé un plan d’urgence pour les routes du Mullerthal, ce qu’on a bien réussi pour les promenades grâce aux CIG», les centres d’initiative et de gestion. Et de conclure : «C’est ma manière d’être à l’écoute des citoyens. Je sais trop bien que cela ne plaît pas à tout le monde.» Cette campagne ne ressemblera décidément à aucune autre.

Genviève Montaigu