Depuis sa maison d’Abbottabad, Ben Laden avait amassé de la documentation sur la France, parce qu’il caressait l’idée d’une attaque pour mettre à genoux son économie, affirment les services de renseignement américains.
La liste de livres et rapports, un peu hétéroclite, montre que Ben Laden a probablement été intéressé par l’idée « d’une attaque sur l’économie française, dans l’espoir de provoquer un effondrement économique » contagieux pour le reste du monde occidental, selon Jeffrey Anchukaitis, porte-parole de la direction du renseignement américain (DNI). Cette liste, ainsi qu’une centaine d’autres documents ont été déclassifiés et publiés mercredi.
Ben Laden s’était ainsi procuré plusieurs rapports d’évaluations de l’économie française, comme cette synthèse de la banque néerlandaise Rabobank publiée en janvier 2011. Il s’était aussi procuré un ouvrage intitulé « la France économique et sociale au XVIIIème siècle » (Henri Sée, 1925) et une étude américaine intitulée « la France a-t-elle causé la grande dépression » de 1929.
Le dossier « France » de Ben Laden, fort au total d’une vingtaine de documents, comprenait aussi une étude sur les déchets nucléaires, une liste des compagnies de transport maritimes hexagonales, une étude américaine sur les achats d’armements par le ministère français de la Défense… « C’est surprenant qu’il ait demandé autant de livres sur la France », a-t-il ajouté.
La « bibliothèque de Ben Laden »
Mais les documents sur la France ne forment qu’une petite partie de la « bibliothèque de Ben Laden » rendue publique par les services américains. Le chef d’Al Qaïda avait amassé une grande quantité de documentation sur la guerre, le terrorisme, la politique internationale, voire les théories conspirationnistes.
Il était grand consommateur des multiples rapports gouvernementaux, parlementaires, administratifs, militaires, judiciaires que la démocratie américaine met en ligne. Ainsi avait-il téléchargé le rapport final de la commission d’enquête américaine sur le 11-Septembre, les actes d’accusation contre des suspects de terrorisme, un rapport du Sénat sur l’activité sur internet des groupes extrémistes ou encore la loi post 11-Septembre établissant le ministère américain de la sécurité intérieure.
Ben Laden avait aussi en sa possession « Les guerres d’Obama », le livre du journaliste américain Bob Woodward racontant comment le pacifiste sénateur de l’Illinois avait dû se transformer en chef de guerre à son arrivée à la Maison Blanche. Et, dans un autre genre, le livre du conspirationniste David Ray Griffin « Le nouveau Pearl Harbour », qui cherche à instiller le doute sur le déroulé des évènements des attentats du 11 septembre.
Les services de renseignement ont publié mercredi la « bibliothèque de Ben Laden » au côté d’une centaine de nouveaux documents privés (lettres, mémos, ect) de Ben Laden, ses partisans ou sa famille, et retrouvés dans la maison d’Abbottabad.
AFP