Quatre entreprises ont fait participer des étrangers, venus au Japon dans le cadre d’un programme d’apprentissage, au travail de décontamination de la région de Fukushima à la suite de la catastrophe nucléaire de 2011, selon une étude gouvernementale révélée vendredi par la presse japonaise.
Le ministère de la Justice a mené l’enquête auprès de 182 compagnies de construction après la découverte en mars du cas d’un Vietnamien qui avait dû effectuer des tâches de décontamination, ont rapporté l’agence de presse Kyodo et d’autres médias.
Le gouvernement avait alors déclaré qu’un tel travail ne pouvait convenir à la formation des immigrés qui entrent dans l’archipel via un dispositif lancé en 1993. Ces révélations ne vont pas manquer de relancer les critiques sur ce programme controversé, accusé d’avoir servi de cadre à l’exploitation d’une main d’oeuvre bon marché.
Contacté par l’AFP, le ministère de la Justice n’a pas été en mesure de confirmer les résultats de l’étude dans l’immédiat. Parmi les quatre entreprises concernées, l’une d’entre elles a été punie par une interdiction d’employer de nouveaux apprentis pendant une durée de cinq ans, ont précisé les médias.
Inspection de 820 entreprises
Le nombre de travailleurs affectés au total n’a pas été communiqué. Après le violent séisme du 11 mars 2011, survenu au large de la côte nord-est du Japon, un gigantesque raz-de-marée avait ravagé la centrale Fukushima Daiichi, provoquant l’accident atomique le plus grave depuis celui de Tchernobyl en URSS en 1986.
D’ici fin septembre, 820 autres entreprises doivent faire l’objet d’une inspection. Le Japon comptait un peu plus de 250.000 de ces apprentis fin 2017. Ils sont cependant de plus en plus nombreux à quitter leur employeurs de manière précipitée (7.089 l’an dernier, contre 2.005 en 2012), selon l’étude du ministère. Beaucoup ont justifié leur départ par la faible rémunération perçue.
Combler la pénurie de main d’oeuvre
Cette enquête se déroule au moment même où le gouvernement japonais a décidé d’encourager l’accueil de travailleurs étrangers dans l’objectif de combler en partie la pénurie de main d’oeuvre causée par le vieillissement de la population et le faible taux de natalité du pays.
Un nouveau statut de visa va être créé, ouvert en théorie à des immigrés ayant des qualifications inférieures à celles habituellement requises pour entrer sur le territoire japonais pour y travailler. Il autorisera les demandeurs à rester pendant cinq ans au Japon sans toutefois leur permettre de faire venir leur famille.
Selon les statistiques officielles, l’archipel comptait en 2017 1,28 million de travailleurs étrangers sur une population de 128 millions d’habitants. Mais plus d’un tiers (459.000 personnes) est constitué d’époux ou épouses de personnes de nationalité japonaise, de Sud-coréens présents de très longue date au Japon mais ayant gardé leur nationalité d’origine ou encore de descendants de nationalité étrangère de Japonais ayant émigré.
Le Quotidien / AFP