Sofian Bezouien, âgé de 31 ans, a huit saisons derrière lui au F91. Alors qu’il oscille aujourd’hui entre le terrain et les coulisses, il a l’expérience nécessaire pour poser un regard aiguisé sur les chances du F91 de repasser enfin un tour en C1.
Vous venez de marquer en amical contre Mühlenbach. Vous êtes donc toujours officiellement joueur du F91 ?
Sofian Benzouien : (Il rit) L’année dernière encore, j’aurais pu jouer, mais au F91, les entraînements deviennent de plus en plus pro et avec mon travail, je ne peux malheureusement pas être à toutes les séances. Désormais, au club, il y a deux séances le lundi et le mercredi, une tous les autres jours, à l’exception du vendredi, qui est un jour de repos. Moi je ne peux faire que deux ou trois séances. Mais j’espère bien faire quelques apparitions cette saison. Oui, vous pouvez me compter dans l’effectif !
Avec votre très longue expérience dudelangeoise, comment la sentez-vous, cette campagne européenne qui s’annonce ?
On a déjà eu des séances vidéo pour observer les points forts de Videoton (NDLR : que le F91 reçoit mardi à 18h, au stade Jos-Nosbaum), voir dans quel système ils jouent et, du coup, travailler le nôtre. De ce que j’ai pu voir, c’est un peu moins fort que Nicosie la saison passée (NDLR : deux défaites 1-0 et 0-1). Et la saison passée, on n’était pas beaucoup moins forts que Nicosie. Le seul petit désavantage qu’on a, c’est qu’on joue le match retour à l’extérieur mais on peut clairement espérer que nos gars, qui peuvent faire la différence à eux seuls à tout moment, la fassent. Les Turpel, Stolz, Sinani… Je ne me demande pas si on va marquer : je sais qu’on va marquer !
Le F91 vous semble-t-il désormais armé pour se dire qu’il n’a plus besoin de redouter ce genre de confrontation ?
Cela fait huit ans que je suis là et le seul match européen où l’on s’est dit qu’a priori, on ne pouvait pas passer, c’est aussi celui sur lequel on a créé l’exploit, contre le Red Bull Salzbourg ! Personnellement, je trouve qu’on est plus costauds que la saison passée. Et si je dois trouver un seul petit défaut, c’est qu’on a dix joueurs à intégrer en seulement deux semaines et demie – trois semaines. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus évident.
Mais en même temps, Dino Toppmöller ne s’est jamais montré un fervent partisan de l’intégration massive de nouveaux joueurs dans le onze de base pour lancer une compétition européenne…
C’est vrai. En général, il aime bien garder le noyau dur des joueurs de la saison précédente pour aborder ce genre de rencontres.
Avez-vous la sensation que le recrutement et l’accent mis sur la professionnalisation des entraînements peuvent enfin refaire franchir un cap au club ?
Mais tout a été basé là-dessus ! Sur le fait de passer ce cap. Tous les moyens qu’on met en place visent à être pros et on nous donne toutes les conditions pour l’être. Tout le monde dans l’équipe commence à prendre conscience que remporter la DN ne suffit plus. Le but, c’est de passer un tour, de passer des tours et d’intégrer les poules, par exemple en C3.
Vous avez bien dit « intégrer les poules » ?
Mais on est à deux doigts de repasser des tours. Ces derniers temps, on a tout le temps mis en difficulté les clubs pro qu’on jouait en amical. Manque juste à y arriver enfin. Tout le monde nous tombe dessus et parle de la taille de notre effectif. Les gens disent : « Waouh, ils ont 25-30 joueurs… ». Mais nous, en deuxième partie de saison, quand les autres ont des blessés, on reste performants. C’est donc notre stratégie qui est la bonne. Et on pourrait se permettre d’aller jouer les poules européennes. Et c’est clairement affiché, comme but ! On veut faire connaître le Luxembourg et je suis sûr qu’on n’y serait pas ridicules.
Avez-vous l’impression d’avoir désormais le talent individuel pour repasser des tours, comme en 2012, grâce aux Steimetz, Joachim, Caillet…
Techniquement, tous les garçons qu’on a sont au-dessus du niveau de DN. Ils sont tous soit ex-pros, soit internationaux. Ils ont des qualités intrinsèques, mais aussi de l’expérience. Alors peu importe si le joueur en face de toi est amateur ou pro. Si un Turpel accélère, il prend le même courant d’air.
Comment va-t-il, Dave Turpel ? Prêt à faire les mêmes différences qu’en début d’année ?
Il est en jambes en tout cas! Il a eu peu de repos, puisque la sélection a joué et il risque de traverser un petit trou dans la saison, mais il est ambitieux et ne s’endormira pas sur ses lauriers. Surtout pas cet été puisque si l’on est éliminés, ça ne s’arrête pas là : on est repêchés pour l’Europa League. C’est une pression en moins. Cette saison, on ne jouera pas la corde au cou et ça change beaucoup de choses. On peut jouer libérés. Concentrés, mais libérés !
Entretien avec Julien Mollereau