Voilà, on y est : les trois points récupérés sur tapis vert contre Canach ont complètement relancé une équipe de Wiltz promise à la relégation. Difficile à assumer mais bon…
« Si on n’avait pas repris les 3 points sur tapis vert contre Canach, c’était fini.» Tu parles d’un aveu. Claude Ottelé, à l’époque, se refusait pourtant à le dire comme ça, juste après une défaite le 19 avril à Mondorf qui mettait Wiltz à neuf points du premier non relégable et sept du barragiste.
Et puis Ottelé a reçu un coup de fil de son président, Robert Nilles, membre du tribunal fédéral, pris en flagrant délit de mauvaise maîtrise des si compliqués règlements de la FLF dans l’affaire Civic, au 1 er tour (le club pensait que le garçon avait purgé un match de suspension avec l’équipe 3 du club alors qu’il n’en avait pas le droit, et avait été aligné face au FCD03).
Mais qui s’est fait une profession de bien décortiquer, depuis, les feuilles de match. «Il m’a dit : Claude, fais attention, on peut peut-être faire quelque chose là.» Steve Majerus, son directeur sportif, assume moins la pérennité de cette dénonciation finalement légitime : « Ça nous est tombé dessus par hasard. Quelqu’un ma appelé, raconte-t-il. Et j’ai commencé à chercher. »
«Ils ne se sauveront pas de toute façon»
Ce quelqu’un devait être la même personne et le hasard n’avait sûrement rien à voir là-dedans. Mais Wiltz est dans son bon droit. Steve Majerus l’a approfondi pour ce «quelqu’un» et a fini par se décider à sortir le joker de sa manche avant même le match du 26 avril contre Differdange. «On était alors au fond du trou», reconnaît Ottelé. «À terre» en tout cas, corrige Majerus, moins fossoyeur.
Alors même que le club n’a pas encore envoyé sa lettre à la FLF, alors même que le tribunal fédéral ne s’en est pas saisi et est donc loin d’avoir rendu son jugement sur la question (qui surviendra le 30 avril), Steve Majerus annonce la nouvelle aux joueurs à l’entraînement. Les garçons s’emballent pour ce cadeau tombé du ciel : « Mais alors, si on gagne dimanche, on est toujours dans le coup?! », lâchent certains.
Le staff cherche un effet d’annonce. Il l’obtient : Wiltz bat Differdange (2-1). Et sorti d’un non-match à la Jeunesse (2-0), l’effet d’entraînement dure toujours : depuis cette séance où la nouvelle est tombée, les Nordistes ont signé un neuf points sur douze sur le pré et un douze sur quinze tribunaux compris. Sur les dix dernières saisons, c’est sa troisième meilleure série en Division nationale. «Depuis l’annonce de l’affaire Canach, une nouvelle euphorie est entrée dans le vestiaire», se réjouit Majerus. «Même à moi, ça m’a fait du bien», confirme Ottelé.
Cela ne va pas sans quelques tourments psychologiques. La crainte d’être illégitime en position de non-relégable à une journée de la fin? Alors que Patrick Maurer, coach de Canach, dégainait, féroce, un «mais à quoi ça leur sert de nous faire ça, ils ne se sauveront pas de toute façon» qui date d’il y a un mois, les Wiltzois ont peut-être aussi pris conscience que leur salut, ils sont allés le chercher à un endroit où les footballeurs répugnent généralement à aller. Dans les coulisses.
Steve Majerus encaisse sans broncher le reproche puisque ce n’en est pas un. Wiltz n’a rien volé. Ces points, il y avait légalement droit. «Mais ce n’est pas au club de le faire. C’est anormal. La FLF devrait pouvoir s’en charger non?» «À l’époque des ordinateurs, cela me semble évident, renchérit Claude Ottelé. Oui, j’ai des scrupules. Je me fais du mauvais sang parce qu’un jour, les gens de Canach et nous, on va se revoir. Et même si on a raison…» Toute la question est désormais de savoir si ces deux-là se reverront la saison prochaine en PH, ou si «l’effet Canach» sauvera Wiltz pour de bon…
Julien Mollereau