Le Parlement européen a approuvé mardi la mise en place d’un Fonds Européen de Défense dès 2019 pour développer les capacités militaires des Etats membres et promouvoir l’indépendance stratégique de l’Union européenne.
« Doter l’Union européenne d’une autonomie stratégique n’est plus un tabou. Cela se concrétise avec l’avènement d’une vraie politique industrielle européenne en matière de défense », s’est félicitée l’eurodéputée conservatrice française Françoise Grossetête (PPE) après l’adoption définitive en session plénière du règlement sur lequel elle était rapporteure.
Le programme approuvé mardi par les élus est doté de 500 millions d’euros pour la période 2019-2020. Il est le précurseur du Fonds Européen de Défense (FED) qui devrait être doté de 13 milliards d’euros dans le budget européen pour la période 2021-2027. Une enveloppe de 4,1 milliards d’euros sera destinée à la recherche et une allocation de 8,9 milliards sera utilisée pour le développement de capacités militaires.
Le FED doit financer des projets montés en coopération. « Le critère principal de sélection sera l’excellence, car l’UE doit rester à la pointe dans ce secteur », a souligné Mme Grossetête. Le projet de drone militaire MALE (moyenne altitude, longue endurance) réalisé en coopération avec l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne devrait ainsi bénéficier de ces financements européens.
« Une Union européenne stratégiquement autonome »
Le programme est créé pour les projets dans lesquels au moins trois entreprises d’au moins trois États membres coopèrent. L’accord stipule qu’au moins 10% du budget devrait bénéficier à la participation transfrontalière des petites et moyennes entreprises (PME), a précisé l’eurodéputée libérale néerlandaise Marietje Schaake.
« Les entreprises des pays dont les industries de défense sont plus petites amélioreront leur position, ce qui est bon pour les Pays-Bas. Nous devons créer des conditions de concurrence équitables avec un marché de la défense ouvert et compétitif, dans lequel nous combattons le protectionnisme », a-t-elle déclaré. « Notre monde instable actuel a besoin d’une Union européenne stratégiquement autonome », a-t-elle affirmé. « Dans le même temps, le développement et l’innovation des capacités européennes de défense ne doivent pas conduire à l’aliénation de pays dits tiers, tels que les Etats-Unis et bientôt le Royaume-Uni (après le Brexit, ndlr). Des mesures doivent être prises en étroite coopération avec l’OTAN », a-t-elle insisté.
Le Quotidien/ AFP