Le gouvernement veut éclairer les responsables communaux sur les conséquences de la pollution lumineuse sur la faune, les écosystèmes, etc.
50% des mammifères et 75% du reste de la faune, principalement les insectes, sont actifs de nuit alors que cette vie nocturne est pour la plupart contre nature, a indiqué jeudi Claude Turmes, le secrétaire d’État au Développement durable. Comme l’homme, les animaux ont besoin d’obscurité pour se reposer. Or la pollution lumineuse menace leur biorythme.
En 2013, sous l’impulsion de Camille Gira, la réduction de la pollution lumineuse avait été inscrite à l’accord de gouvernement. L’ancien secrétaire d’État avait mandaté l’expert suisse de l’association Dark-Sky Switzerland afin de réaliser une étude sur la situation au Luxembourg que, paraît-il, on voit très bien de l’espace de nuit.
La pollution lumineuse est issue de toutes ces lumières allumées la nuit, comme les éclairages publics, les enseignes publicitaires, les vitrines de magasins, les éclairages de zones industrielles et commerciales ou de bâtiments publics, entres autres, qui donnent l’impression, surtout dans les villes, qu’il fait jour même la nuit. Des solutions pour la limiter sans pour autant tirer la prise de courant existent. «Les ampoules LED sont une de ces solutions. Elles présentent un autre point positif, celui de consommer moins d’énergie, précise Claude Turmes, Aujourd’hui, la lumière est devenue bon marché et on l’utilise partout.»
Pour en limiter l’impact sur la vie animale, le gouvernement a fait appel à un expert allemand, l’ingénieur Uwe Knappschneider, qui a élaboré un petit guide à l’usage des communes et des particuliers. Il propose des solutions en matière d’éclairage public sur les places, dans les rues ou dans les parcs, d’éclairage des bâtiments industriels ou commerciaux, des terrains de sports ou des infrastructures de loisir, d’éléments architecturaux, de vitrines ou d’habitations de particuliers. Des conseils sont également prodigués en matière d’illuminations temporaires. Lors de l’élaboration de ce guide, l’aspect sécuritaire a également été pris en compte.
«À l’État de montrer le bon exemple»
«L’éclairage doit fonctionner selon les besoins réels et uniquement aux endroits nécessitant un éclairage», note Uwe Knappschneider. Finies les ampoules en forme de globe dont les trois quarts de l’éclairage montent vers le ciel. Désormais, des LED éclaireront vers le sol et de manière plus intelligente. Par exemple, les trottoirs seront éclairés, mais plus les devantures des maisons qui subissaient les dommages collatéraux d’une politique d’éclairage vieillissante. Des exemples de ces nouvelles manières d’utiliser l’éclairage, réalisés par Uwe Knappschneider, peuvent être observés à Sanem, Clervaux ou à la forteresse de Luxembourg.
Mais le précurseur en la matière au Grand-Duché est l’administration des Ponts et Chaussées. «Nous nous sommes intéressés au sujet dans le but de gagner en efficience énergétique», explique Raymond Seburger. Nous ne pensions pas encore à la santé des animaux.» Le premier projet des Ponts et Chaussées a eu lieu dans la localité de Siebenaler en 2012. Les ampoules de l’éclairage public de 60 W ont été remplacées par des ampoules LED de 29 W qui éclairaient tout aussi fort, mais vers le bas.
Actuellement, des projets sont en cours au Ban de Gasperich en matière d’éclairage public ainsi qu’à la liaison Micheville, entre autres. Des projets sont également planifiés sur les aires de service, 150 ampoules vont être remplacées sur l’autoroute A6 entre Strassen et Gasperich et les ampoules du passage souterrain de la collectrice à Pétange vont également être remplacées.
«Nous essayons de transformer les dispositions de l’accord de coalition, a indiqué Claude Turmes, C’est à l’État de montrer le bon exemple.»
Sophie Kieffer
La pollution lumineuse est néfaste pour la faune