Chris Philipps a rancardé son pote Laurent Jans avant son transfert au FC Metz. Il n’était que justice qu’il nous rancarde, nous, sur la façon dont le Nordiste allait s’adapter au club…
«Laurent et moi, on a beaucoup discuté ces derniers jours», admet Chris Philipps. Logique. Comment aurait-il pu en être autrement? Entre ces deux grands amis et alors que le milieu de terrain a fait quasiment toute sa vie à Saint-Symphorien, il était évident que Jans prendrait à la source l’intégralité des détails qu’il faut avoir en sa possession pour se forger une opinion. On a donc fait pareil et force est de constater que même pour Philipps, c’est une évidence, son coéquipier de sélection et le club grenat sont faits pour s’entendre. Analyse approfondie d’une union de raison.
Sportivement, Laurent Jans vaut-il déjà un Ivan Balliu?
«Ivan et Jonathan (Rivierez) ont des profils différents. « John » à mon sens, n’a pas la reconnaissance qu’il mérite. Il a une sacrée mentalité. Il n’est pas aussi spectaculaire qu’Ivan, qui lui plaît forcément plus aux gens. C’est logique, de nos jours, les spectateurs aiment tous le football offensif. Donc Laurent devrait leur plaire. Même s’il est moins technique qu’Ivan… mais qu’il défend mieux. Disons que c’est un bon mix entre Balliu et Rivierez, un mélange des deux. Ivan a lui prouvé qu’il était un joueur de Ligue 1. Laurent va devoir prouver cela.»
En sélection, Laurent fait le lien entre tous les joueurs
Dans quel genre de vestiaire arrive-t-il?
«Il m’a justement posé la question car quand tu arrives dans un nouveau club, tu veux connaître les relations entre les gens, la façon dont ça fonctionne. Je n’ai pas pu lui donner des infos très précises parce que quand j’étais là, il a beaucoup bougé ce vestiaire. Et puis ce n’est pas exactement la même composition quand le club est en L1 ou en L2. En Ligue 1, le club recrute des joueurs qui arrivent avec un statut. Ce sera moins le cas en Ligue 2. Et puis Metz, ça a toujours été une ambiance spéciale, un vestiaire qui s’entraîne avant de repartir chez soi. Je me rends compte au Legia qu’on fait beaucoup plus de choses en équipe. Mais ce n’est pas un vestiaire compliqué. Ça l’a été. Ça ne l’est plus.
En sélection, Laurent fait le lien entre tous les joueurs. Avec tout le respect que j’ai pour Mario Mutsch, c’est un peu lui, le capitaine de ce groupe. Mais ça lui a pris du temps. Alors je suis curieux de voir comment il va se comporter à Metz. J’espère qu’il ne sera pas trop timide. Mais finalement, j’aurais tendance à dire qu’il débarque avec un statut puisque le FC Metz a mis un peu d’argent sur lui. Donc qu’il le fasse vite, s’affirmer.»
J’espère seulement qu’il ne sera pas trop timide
Sont-ils faits pour s’entendre?
«Sur et hors du terrain, Laurent est un bosseur. Beaucoup plus que moi encore. Les gens, à Metz, aiment ceux qui mouillent le maillot et c’est ce qu’ils vont trouver avec Laurent. Et comme c’est un vrai joueur de club, je suis certain qu’il va plaire à tout le monde à Saint-Symphorien. J’espère seulement qu’il ne sera pas trop timide.»
Va-t-il devoir justifier le montant de son transfert?
«On parle de combien? Environ 400 000 euros? Et c’est confirmé? De toute façon, ce n’est pas un grand risque sportif pour le club, et d’un. Et de deux, si Metz vend Balliu, cela va lui rapporter plus d’argent. Et puis même si je n’ai pas envie de rentrer dans ce genre de débat qui plaît aux supporters, ces dernières années, Metz a bien vendu et peu acheté donc normalement, il devrait y avoir un peu d’argent dans les caisses.
En même temps, cela fait trois-quatre ans que je leur avais dit qu’il fallait le prendre. Enfin un coach qui valide le dossier. Peut-être attendaient-ils qu’il confirme. C’est un peu plus tôt qu’il aurait fallu oser. Aujourd’hui, le club paye beaucoup alors qu’il aurait pu l’avoir pour beaucoup moins. Mais bon, c’est de l’argent bien investi.»
La Ligue 2, le FC Metz, c’est une régression?
«Lui et moi, on a beaucoup discuté du niveau. Et j’ai bien vu les commentaires sur internet, ces gens qui disent que si c’était pour venir à Metz, il aurait mieux fait de rester à Beveren. Non mais attendez, je ne vais pas dire que c’est un autre monde, mais ce n’est pas du tout la même dimension que Beveren. D’autant qu’il s’inscrit sur le long terme. On parle d’un club qui vient de lever l’option d’achat pour Dossevi, de faire signer Frédéric Antonetti, bref, qui montre de l’ambition dans son mercato. Qui d’ailleurs est très offensif. Metz veut remonter en Ligue 1! Donc je pense que les gens comprennent mal ce choix.
Après, je conçois que ce soit un choix qui ne fasse pas rêver. Mais le projet dans son ensemble lui a plu : il y a le nouveau centre d’entraînement qui pourrait bientôt voir le jour, la tribune présidentielle du stade qui sera bientôt refaite… C’est aussi à cause de ses infrastructures que Metz n’est plus vraiment un club de Ligue 1 et aussi qu’il n’arrive pas à le rester sportivement. Là, clairement, ça se professionnalise et ça a convaincu Laurent.»
Va-t-il reprendre le flambeau des Luxembourgeois?
«On raconte beaucoup que je suis parti parce que j’avais été poussé dehors. La vérité, c’est que Frédéric Hantz est venu me voir un jour et m’a dit « je n’ai aucun doute sur tes qualités, mais il y a trop de différences entre ce que tu montres en match et à l’entraînement. Je crois que tu es beaucoup trop affecté par la situation du club ». Le coach avait compris que je perdais mes moyens à Saint-Symphorien. Donc ce départ, c’était clair qu’il fallait le faire.
Mais quand je n’étais pas bon, car trop hésitant, les gens ont vite commencé à siffler. Tous les joueurs vous diront qu’ils s’en foutent, mais la vérité c’est que pour aucun ce n’est rien. Même Frank Lampard l’a avoué récemment. Alors en ce qui concerne Laurent, j’espère que les supporters messins lui laisseront une chance. Les Luxembourgeois au club, depuis quelques années, c’est une sacrée histoire, entre moi qui pars et Vincent (Thill), pour qui ça ne se passe pas comme prévu. Alors Laurent, qu’on lui laisse une chance! Parce qu’il est comme moi : ça peut le toucher. Il est sensible. Je lui souhaite seulement de pouvoir s’exprimer dans un environnement favorable.»
Entretien avec Julien Mollereau